Très franchement, de façon assez surprenant, car je ne m’y attendais pas, Earth-2 fut l’un des meilleurs titres des New52. Quel plaisir de découvrir ce nouvel univers, redécouvrir ces personnages, vivre cette intrigue et admirer les somptueux dessins de Nicola Scott. Malheureusement, après la première moitié de World’s End (tome #4 d’Earth-2), l’intérêt n’est plus le même, le titre se contentant de devenir un gros truc mainstream où l’action à outrance prédomine sur tout le reste…


La dernière heure est venue pour les habitants et les héros de Teere-2 : leur dimension est devenue le « terrain de jeu » de Darkseid et de ses troupes, et celui-ci est bien décidé à ne laisser aucun surhomme lui entraver la route. Que va-t-il arriver aux derniers résistants de cette dimension parallèle ?
(Contient les épisodes Earth 2 #30 à 32 et Earth 2 World’s End #14 à 26)


Commençons par un coup de gueule ! Vingt-quatre ! Vingt-quatre dessinateurs pour ce tome. C’est beaucoup trop. Chaque chapitre compte, au moins, quatre ou cinq dessinateurs. Non seulement c’est beaucoup trop, non seulement les styles diffèrent souvent beaucoup mais en plus cela n’apporte absolument rien, ni à l’histoire, ni au confort de lecture… Le pire dans tout cela, c’est que nous n’avons même pas un dessinateur qui sort du lot, qui pourrait, à lui seul, atténuer ce point négatif. Que des artistes moyens, que des artistes voulant prendre les traits d’artistes connus mais n’en n’ayant pas le talent…


La conquête de Terre-2 par Darkseid a recommencé ! Mais cette fois-ci il n’y a plus de Batman, de Superman et de Wonder Woman pour protéger la Terre. Ce sont de nouvelles Merveilles, ne savant pas toujours utiliser leurs pouvoirs, qui doivent s’opposer aux hordes d’Apokolips.
Des événements si violents et implacables, que les combats contre Steppenwolf ou Brutaal passent pour des jeux de cour de récréation.


Mais de nouveaux, et anciens héros se mettent entre la Terre et Apokolips. Un nouveau Batman, Thomas Wayne, le père de Bruce, le retour de Power Girl et Huntress, Red Tornado, avec la conscience de Lois Lane, le petit Jimmy Olsen, qui a fusionné avec une Boîte Mère, ou encore Val-Zod, un jeune Kryptonien et Fury, la fille de Wonder Woman, et surtout Green Lantern et les autres Avatars du Parlement de la Terre !
Ils ne seront, cependant, face à tout ce que Darkseid leur envoi ! Les Furies, la trahison de Big Barda, le contrôle de l’Avatar du Sang, les clones de Superman, la transformation d’Huntress, les hordes de Kalibak, les Protofuries, la Terraformation de la Terre, Apokolips qui mange, littéralement, la planète ! Jamais nos héros ne perdent espoir !


Et pourtant, dieu sait, qu’ils le pourraient ! Et nous arrivons à un autre, gros, point négatif de ce tome, la surenchère. Nos héros se donnent corps et âmes pour tenter de sauver les deux millions de survivants (seulement) de la planète. Affrontant les menaces les unes après les autres. Mais à chaque fois qu’ils triomphent, chaque fois qu’ils se débarrassent d’une menace, une autre prend sa place instantanément, encore plus grosse, plus méchante, plus impossible à surmonter ! Rendant la précédente totalement insignifiante alors qu’elle était déjà, elle-même, impossible à surmonter.
Du coup, le lecteur est mis hors-jeu. On ne vibre plus pour les personnages, puisque l’on sait pertinemment, que chaque victoire compte, au final, pour du beurre… Les actes héroïques deviennent banals et répétitifs…


Ce qui nous conduit au troisième gros point noir de ce cinquième tome, et de World’s End en général, l’aspect brouillon de la narration ! Si c’est le chaos sur Terre-2, cela semble l’être tout autant au sein de l’équipe créative, passons sur les nombreux manques de raccords au niveau des dessins (les tenues…) pour nous concentrer sur ceux du scénario.
Entre les sous-intrigues ne menant à rien du tout (Dick Grayson et Ted Grant, Obsidian…) et la narration complètement barbare, ce deuxième tome est compliqué à suivre. On serait au cinéma, nous aurions l’impression que des scènes ont été coupé par erreur au montage. Un coup Power Girl est avec Val-Zod, la page d’après avec Huntress puis à nouveau avec le Kryptonien. Thomas Wayne et Huntress nous la jouent Harry et A.J. dans Armageddon, et la page suivante Batman joue avec une mitrailleuse avec Dick…


Ce ne sont que des petites choses, mais ça plus ça plus ça plus ça, tout mis bout à bout, on a vraiment l’impression que les scénaristes n’en avaient rien à faire du scénario, seule l’action à gogo, les explosions, la surenchère toujours plus énorme ne comptaient. « Créons de nouveaux Avatars de la Terre ! », « Oh, faisons-les fusionner ! » « Et si Apokolips mangeait la Terre ? » « Et si une des Furies accouchait d’un monstre pour terraformer la Terre ? » « Faisons de Nabu un gros égoïste ! », « Donnons un fils à Dick ! » « N’ayons rien à faire que cela aboutisse à quelque chose ou ne soit cohérent, surtout ! »…


Si cela se laisse lire, bien que difficilement par moment, il est vraiment dommage de voir ce titre, si passionnant et prenant à ses débuts, devenir un gros blockbuster sans fond et répétitif. L’exemple parfait de l’event qui te fout en l’air un titre en se disant que du bon gros mainstream bien lourd c’est bien mieux qu’une intrigue bien construite et bien narrée…


Bref, c’est vraiment un sentiment de déception qui prédomine ! Avec tous ces fantastiques personnages, ce statu quo inédit, on était en droit d’espérer quelque chose de mieux ! A la place on se retrouve avec une histoire, World’s End, sans véritable saveur, sans surprise, répétitif, long et nous gâchant totalement la série.

Romain_Bouvet
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le 11 nov. 2016

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