La Grande Odalique ou Comment surfer sur du vide

"Ils confrontent l’esthétique pop et manga à l’art officiel et opèrent un vrai rapt. La mise en scène est fascinante." Dixit Antoine Guillot au moment de la sortie de l'album. Mouais, mouais, mouais... On nous a aussi beaucoup parlé, à son propos, de découpage fabuleux, de déconstruction, de jeu sur les codes, d'onirisme, de légèreté, d'apesanteur, du thème du vide. Ah ça, pour être vide, c'est vide. Disons même que c'est complètement creux. Pourtant, j'aime le minimalisme de Bastien Vivès, notamment dans Le goût du chlore. Mais trop de vide tue le vide.


Je ne nierai pas la dextérité certaine des auteurs en ce qui concerne le découpage - la mise en page me paraît déjà beaucoup moins intéressante. Mais quel est l'intérêt de déployer de tels efforts si c'est pour les mettre au service d'un scénario complètement niais, tout droit sorti de Cat's eyes ? Quel est l'intérêt de mettre en scène, dans des des cases dont, personnellement, la touche soi-disant onirique ne me touche absolument pas, les prouesses sportives et criminelles forcément improbables des trois héroïnes, si c'est pour ne rien dire ? Et puis l'argument du second degré est un peu facile. Nombre de films d'action jouent du second degré depuis bien longtemps - quel spectateur aurait cru à l'authenticité de leurs cascades avant l'arrivée sur les écrans de Jason Bourne et d'un cinéma d'action plus réaliste ? Si le second degré et le jeu sur les codes d'un genre suffisait à faire une œuvre de qualité, ça se saurait depuis longtemps.


Alors oui, La Grande Odalisque est bien un album qui prouve la dextérité de ses auteurs. C'est aussi un album prétentieux, creux, terriblement chiant, à l'histoire inepte et aux dialogues ennuyeux et insipides. Pourquoi le monde crie-t-il au génie ? Voilà bien un mystère que je ne saurai résoudre.

Cthulie-la-Mignonne
4

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le 17 avr. 2016

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