Picsou est un canard, et pourtant il est l'un des personnages fictifs les plus humains qu'il m'ait été donné de voir. Don Rosa a réussi ici la prouesse de reconstituer une vie entière complètement romanesque, et pourtant presque réaliste, à partir de bribes, d'indices, voir même d'incohérences laissées par Carl Barks, le grand maître des canard. Tout ces éléments s'entremêlent et s'enchaînent avec une fluidité et une cohérence extrêmes, reprenant le plus de faits historiques possible pour rendre le récit réaliste (les villes existent, Picsou rencontre des personnalités célèbres, certains évènements sont vraiment arrivés, etc). Don Rosa précise bien, pour lui les animaux ne sont que des caricatures d'êtres humains. Qui pourrait le nier en découvrant les sentiments de ses personnages et en observant les expressions faciales, plus communicatives dans ses dessins de canards que dans bien d'autres d'humains ? Tout dans son récit transpire d'humanité. Comment est-ce possible, à partir d'un personnage tel que Picsou ?

Il arrive un moment dans sa vie où on se rend compte que ses grands parents ont eu une vie bien remplie, comme on est en train de la vivre, qu'ils n'ont pas toujours été vieux. Et en les questionnant, en fouillant dans de vieux albums photos, en retrouvant des reliques éparpillées dans le grenier, on découvre tout un monde, toute une époque qui nous était jusque là inconnus, on tient dans sa main une partie de l'histoire, mais pas comme on l'apprend à l'école, non, une partie de l'histoire vivante, personnelle, presque tangible. C'est exactement ce sentiment que l'on retrouve avec cet album : Picsou n'a pas toujours été vieux, il n'a pas toujours été aigri, reclus, isolé, insensible et avare. Un jour, Picsou a été un petit graçon écossais pauvre mais plein de rêves et plein d'amour de sa famille. Un jour, il a été une légende dans l'ouest, fort, loyal et respecté. Un jour, il a été amoureux et a espéré fonder un foyer.

C'est par bribes qu'on découvre son histoire, à travers ses souvenirs. Une photo, un objet, une question de ses neveux ou encore une des nombreuses pièces de son coffre, tout ce qui l'entoure est chargé de souvenirs car cela représente une partie de sa vie. Derrière les murs épais de son coffre et la glace de son cœur se cache des tourments, des regrets, des satisfactions, des réussites... bref, comme chez n'importe lequel d'entre nous, une vie. Et dans cet ouvrage, comme dans le coffre de Picsou, tout n'est que richesse : richesse dans l'histoire, dans les dessins, les détails, la recherche, les personnages. C'est drôle, touchant, réaliste et très prenant, un régal à chaque page qui dénote d'une réelle profondeur. Je défi les plus insensibles de ne pas être touché par ce récit plein d'authenticité fictive.

Quant à l'édition en elle même, je la trouve satisfaisante, agréable à manipuler avec un format moyen qui lui donne une bonne prise en main. La qualité de l'impression est très bonne, et surtout j'apprécie énormément les intermèdes de Don Rosa à la fin de chaque histoire. Le tout est tellement riche qu'il est très agréable de découvrir ces petits détails en plus, et l'auteur ne révèle pas tout, pour qu'on ai le plaisir d'en découvrir par nous même. Je ne me lasse pas de lire et relire ces histoires, et j'en découvre un peu plus à chaque fois comme si moi aussi, à chaque lecture, je plongeais dans un bain d'or, ou de souvenir qu'importe, c'est un peu la même chose.
Clarb
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le 24 févr. 2014

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Clarb

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D'autres avis sur La Jeunesse de Picsou 1/2 - La Grande épopée de Picsou, tome 1

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