Dans quelques jours, les éditions Dargaud publieront le premier tome de "Mort au Tsar", le nouveau polar historique du tandem Nury-Robin, qui entraînera les lecteurs sur les traces des révolutions russes de 1905. A cette occasion, les responsables de Dargaud ont eu la très bonne idée de ressortir également une intégrale de "La Mort de Staline", le diptyque russe précédent de Fabien Nury et Thierry Robin, dont les deux volets étaient parus en 2010 et 2012. Un petit bijou à (re)découvrir absolument! Ce vrai faux récit historique raconte, avec un humour froid mais féroce, l’attaque cérébrale dont fut victime le dictateur Joseph Staline le 2 mars 1953, mais aussi et surtout la lutte acharnée pour le pouvoir suprême qui opposa dans les jours suivants les membres du Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique, prêts à tous les coups bas pour succéder au "Petit père des peuples". Y compris d’ailleurs accélérer la mort de ce dernier, étant donné qu’il est désormais acquis que ses proches collaborateurs ont attendu beaucoup trop longtemps avant de prévenir les secours. A la base, l’objectif du dessinateur Thierry Robin était de réaliser une biographie de Staline en bande dessinée. Pour ce faire, il avait accumulé une documentation énorme sur l’homme et la période communiste. Mais après avoir dessiné 35 pages, Robin s’est rendu compte qu’il rentrait trop dans les détails et qu’à ce rythme-là, son livre ferait plus de 1.000 pages. Il abandonna donc le projet, jusqu’à ce que Fabien Nury, dont on connait le talent de conteur hors pair grâce à la série historique "Il était une fois en France", lui propose "La Mort de Staline", un récit aussi condensé qu’efficace sur la folie de Staline et son régime. Certes, son scénario prend des libertés avec l’Histoire mais, comme le souligne l’historien spécialiste de l’URSS Jean-Jacques Marie, "l’important n’est pas l’exactitude factuelle mais l’authenticité de la vision". Selon lui, "la bande dessinée de Nury et Robin recrée de façon saisissante l’atmosphère glauque et sinistre des milieux dirigeants du Kremlin à la fin du règne sanglant de Staline". Les deux auteurs réussissent par-dessus le marché à brosser quelques magnifiques portraits de crapules, en particulier celui de l’infâme Lavrenti Pavlovitch Beria, l’âme damnée de Staline, qui a liquidé ou envoyé au goulag des centaines de milliers d’innocents, et celui de Vassia Djougachvili, le propre fils du dictateur, dont la folie destructrice était décuplée dès qu’il abusait de la vodka. C’est-à-dire très souvent. Sans oublier Malenkov, Khrouchtchev, Mikoyan, Kaganovitch, Boulganine et Molotov, les autres membres du Comité Central, eux aussi rendus fous par la peur permanente de pouvoir être liquidés à tout moment… Une belle brochette de cinglés! D’ailleurs, comme le souligne la préface du livre, "La Mort de Staline" a beau être une fiction, "les auteurs n’ont guère eu besoin de forcer leur imagination, étant incapables d’inventer quoi que ce soit d’équivalent à la folie furieuse de Staline et de son entourage".
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le 13 août 2014

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