La Mort vivante
6.7
La Mort vivante

BD franco-belge de Olivier Vatine et Alberto Varanda (2018)

Il aura fallu cinq ans au dessinateur pour terminer les dessins de la Mort vivante. Et le résultat est époustouflant, vraiment. Et rien que pour l'exploit d'endurance et d'implication d'Alberto Varanda, cette bande dessinée vaut le coup d'y jeter un œil.



Sur l'esthétique



Pas grand chose à redire. Le style incroyable de couches de traits est une référence claire au style de la gravure à la Gustave Doré (on peut penser aussi aux superbes Six Novels in Woodcuts de Lynd Ward) et l'effet en est saisissant. Les effets d'ombres et de mouvements fonctionnent à merveille, et le tout s'adapte à la perfection à l'ambiance gothique/horreur à l'intérieur du château, mais aussi dans les courtes scènes dans le vide spatial.
On retrouve aussi un style comics américain par moment, notamment dans la physionomie des personnages, notamment le cyborg Ugo qui personnellement m'a fait penser à la Créature des marais (Swamp Thing).
Aucune surprise alors lorsque l'on découvre dans d'autres critiques/interviews que les dessin de Bernie Wrightson (créateur de Swamp Thing) ont inspiré Varanda. Les dessins de Franklin Booth sont aussi souvent évoqués. Sans connaitre ces deux artistes, j'ai déjà envie de me frotter ce qu'ils ont produits.



Côté scénario



Ne connaissant ni le travail d'Olivier Vatine, ni les écrits de Stephan Wul (dont le roman a inspiré cette BD), je vais me contenter d'évoquer mon ressenti sans pouvoir comparer les travaux précédents de ces deux auteurs.
Le récit en lui-même est agréable et offre un aperçu intéressant d'un univers post-apocalyptique à fort potentiel. Cependant, je trouve que l'on reste sur notre fin et que la bande dessinée est bien trop courte (et bien trop renfermée sur les scènes dans le château de Martha) pour développer cet univers. Est-ce la même chose dans le roman de Wul ?
Le décor et l'ambiance sont bien posés mais on se retrouve vite dans un récit qui m'a fait l'effet d'un cocktail au blender de Frankenstein de Mary Shelley, de Lovecraft et une pincée de Guerre des mondes de H. G. Wells. L'ensemble reste sympathique mais rien de transcendantal ; le dessin rehausse sans conteste le récit.
La petite pépite réside dans le personnage d'Ugo, le cyborg, qui pour moi est le personnage le plus riche du récit. Son dévouement programmé, son statut de figure badass et paternel, son sens du sacrifice et surtout son passé qui resurgit nous apportant des bribes d'informations sur le passé de la Terre avant l'apocalypse, tout cela concorde à faire de lui un personnage que j'ai grandement apprécié.



Au final



J'avais commencé par une note de 7 sur cet ouvrage, trouvant que le scénario rabaissait la qualité graphique. Mais au fur-et-à-mesure de mes lectures de critiques, de mon retour dans l'oeuvre pour y déceler certains détails ainsi que de mes réflexions avant d'écrire ma critique, j'ai de plus en plus apprécié cette bande dessinée. Je la recommande.

Eniet
8
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Créée

le 20 oct. 2019

Critique lue 89 fois

Eniet

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