Une belle aventure, brouillonne mais efficace.

La Pire Espèce est une bande dessinée satirique, critique de notre société française actuelle. C'est peu dire, car chaque case où presque est une critique. Et tout le monde y prend pour son grade : politique (principalement), religion, média, internet, idéologies diverses, culture du paraître, et cætera.

Le postulat de départ est le suivant : Noé a construit une arche en respectant les dimensions prescrites par Dieu, mais le problème est que tous les animaux ne pourront pas rentrer. Dilemme : construire plus grand et sauver tout le monde, ou respecter les paroles de Dieu et sacrifier des êtres vivants. C'est alors que le fils de Noé a cette idée brillante : attacher une petite barque à l'arche. Sauf qu'ils ne l'attachent qu'avec une simple corde, et puis ce n'était pas la volonté de Dieu. Arriva ce qui devait arriver, la corde lâche et les occupants de la petite barque (tous animaux donc) sont perdus sur les eaux. Ils se retrouvent sur une petite île où au fil de l'évolution ils bâtissent une société similaire à la notre (nous humains).

Suite à divers événements, on suit à travers l'histoire le voyage de quelques personnages qui doivent traverser l'île, grâce à cela on découvre tous les composants de leur monde, de notre société aussi. C'est un vrai plaisir de lire cette bande-dessinée parce qu'elle ne rabaisse pas ce qu'elle vise, ce n'est pas du méchant-pas-beau irréfléchi. Elle décrit notre propre style de vie transposé dans un autre cadre pour mieux nous montrer le ridicule des différentes situations. Elle met en exergue les défauts, nombreux s'il n'en faut, et les comparaisons avec notre époque sont à peine dissimulées, on sait tout de suite de qui l'on parle.

Réussie, brillante, mais brouillonne. En effet, selon moi, la première qualité de cette BD est de vouloir tout dire, et son premier défaut est de vouloir tout dire sans vraiment savoir comment s'y prendre. Il y aurait trop d'informations en peu de temps et peu d'espace, c'en devient difficile à suivre. Je sais qu'aux deuxième et troisième lectures, j'ai découvert de nouveaux éléments que je n'avais pas encore vu, parce qu'occupée à emmagasiner d'autres propos.

Mais surtout, ce qui m'a beaucoup plu, c'est son côté conte philosophique. Cette BD est ponctuée de références et citations, et contient de nombreuses ouvertures sur diverses réflexions. Notamment le final où les mots utilisés me sont restés en tête un petit moment.

Donc je vous la conseil, cette BD vaut vraiment le coup d’œil. C'est un bon moment lorsque l'on est pris dans l'histoire.