Marion Montaigne tient un blog dessiné (http://tumourrasmoinsbete.blogspot.fr/) dont elle recueille les pages dans d'assez gros volumes (ce tome a 250 pages environ). Le principe a de bonnes chances d'être populaire : exposer les réalités scientifiques qui constituent le soubassement de nos vécus quotidiens, que ce soit sous la forme d'expériences personnelles, de représentations et de préjugés plus ou moins erronés, d'opinions populaires détachées des réalités, ou de certitudes issues d'un "sens commun" qui se révèle, à l'occasion, défectueux.


Sous cette forme de livre, Marion Montaigne propose trois ou quatre dessins par page (on n'ose pas parler de planches), et un thème précis se trouve traité en quelques pages, sur un ton humoristique qui ne craint pas de recourir à de suppositions non recevables, ou à des exagérations.


Ce tome 1, comme son sous-titre le suggère ("La Science, c'est pas du cinéma"), confronte les facilités et aberrations scientifiques que se permettent les oeuvres cinématographiques de fiction, avec les réalités, souvent moins féériques, qui rendent possible - et le plus souvent impossibles - les phénomènes scientifiques et techniques portés à l'écran. Les trois chapitres ("Action", "Science-Fiction", "Séries TV") décrivent clairement les sources d'inspiration de ce blog.


L'intérêt de cette entreprise est de répondre à des questions que le spectateur de ces films se pose souvent implicitement, sans trouver personne qui soit là pour lui dire quelle est la part de l'impossibilité pratique dans ce qu'il a perçu sur l'écran. Démarche salutaire, en ce qu'elle éclaire l'esprit parfois embrumé de jeunes accros de cinéma qui croient pouvoir reproduire en chambre ce qu'ils ont vu à l'écran, et finissent par se tuer ou tuer quelqu'un en se prenant pour pour un super-héros.


Les sujets abordés sont nombreux : les héros qui reçoivent des blessures qui ne font pas mal et qui ne s'infectent jamais; les armes à feu qui flinguent dans toutes les directions sans le moindre effet de recul et qu'on tient à bout de bras comme un mouchoir en papier; les silencieux des armes à feu qui font "plop"; les effets d'une bombe atomique; pourquoi il n'y a pas de parachutes pour tout le monde dans les avions longs courriers ; comment dévier un astéroïde qui fonce sur la Terre ; la cryogénisation ; les "hommes volants" à réacteur individuel ; les hologrammes ; la greffe de visage ; l'hibernation dans l'espace ; creuser jusqu'au centre de la Terre; les sabres-lasers; la reconstitution d'animaux préhistoriques à partir de leur ADN; rétrécir les gosses (ou n'importe qui d'autre), etc.


Les allusions à l'actualité ont vite vieilli (Sarkozy et "La Princesse de Clèves", page 41; des allusions répétées à Jean-Luc Delarue, déjà bien obscures pour qui n'était pas addict aux vanités du "people"...). Les dessins (esquisses vite jetées sur le papier, façon blog quotidien) pèchent souvent par un manque de réalisme, surtout quand on met en scène des personnages connus; mais l'humour est quasi-permanent, et la complicité de l'auteur avec les raisonnements intuitifs du lecteur sauve pas mal de choses.


Drôle, bien informé, et, en effet, propre à remédier à la crétinerie des hyperphages de l'écran.

khorsabad
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le 1 mai 2015

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khorsabad

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D'autres avis sur La science, c'est pas du cinéma ! - Tu mourras moins bête, tome 1

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