Après la Revanche de Bane, j’attendais avec impatience un nouveau volume de la collection DC Nemesis, mettant en lumière les ennemis de nos héros de l’univers DC. Chose faite avec La Splendeur du Pingouin de Gregg Hurwitz et Szymon Kudranski. Au programme : une plongée dans l’univers du vilain au nez crochu, à la fortune colossale et à la méchanceté sans limite.

Il est l’un des plus grands ennemis de Batman, mais également l’un des citoyens les plus en vue de Gotham. Mais la légende du Pingouin s’est bâtie sur une affaire de famille glauque et vicieuse.

Le Pingouin ! Voilà un méchant charismatique, malgré son extrême laideur. Personne n’ose le contredire ou se frotter à lui de peur de subir sa méchanceté, sa cruauté, son machiavélisme sans limite. Et on le voit dans ce comics. Le Pingouin s’en prend à 3 personnes, les poussant au suicide en détruisant toute leur vie autour d’eux. Il débite une quantité de cruauté en rien de temps que cela nous fait froid dans le dos. S’amusant presque à détruire ainsi, pièce par pièce, personne par personne, la vie de son ennemi.

Mais plus que du dégoût ou de l’horreur pour le personnage, cette histoire m’a fait éprouvé de la pitié, de la peine, voir même de l’empathie pour lui. Lorsque l’on voit son enfance si dure, si difficile, si haineuse et ce dès sa naissance, on ne peut que comprendre, sans pour autant l’accepter, sa haine et sa dureté une fois adulte. Cible de moqueries des autres enfants, de violence de la part de ses trois frères ainés, et surtout de la haine viscérale à son encontre de son propre père. Le petit Oswald a grandit dans un sentiment de crainte et de mépris, de peur et coups, ne trouvant que du réconfort dans les bras d’une mère aimante et (sur)protectrice.
J’ai été choqué, en tant que jeune papa, par certaines scènes. Sentiments davantage ressenti grâce aux excellents dessins de Szymon Kudranski, qui arrive à retranscrit avec une criante et malsaine vérité la violence que vit le petit Oswald. Dès lors on s’attend en fait à le voir réagir en grandissant. Ses revanches vont être à la hauteur des blessures subies. Et malgré la cruauté dont il fait déjà preuve, et bien nous, lecteurs, ne sommes au final pas surpris. La violence mène à la violence, et les retours de bâtons sont toujours davantage violents.

Mais ce passé n’est là que sous la forme de flashbacks, pour nous faire comprendre pourquoi il agit de la sorte. Il recherche l’amour. Un amour comme celui de sa maman. Un amour dans lequel il puisse se réfugier, il puisse se laisser aller. Et il pense enfin trouver cette personne de Cassandra, jeune aveugle un rien loufoque qui apparaît inopinément dans sa vie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les sentiments vont être réciproques !
Le seul bémol c’est qu’on ne sait pas forcément si Cassandra sait qu’il y est vraiment et ce qu’il fait réellement lorsque Oswald lui dit « jouer ».

Ce qui est tragique, c’est qu’inconsciemment, le Pingouin sait qu’il ne retrouvera jamais quelqu’un comme sa mère, il sait qu’il ne pourra jamais vraiment accorder sa confiance à un autre humain, il sait que toute cette effusion de sentiments n’est qu’un feu d’artifice : très beau mais éphémère. Et malheureusement tout cela finira tragiquement de par sa faute. Oswald est un personnage triste et violent, destiné à être seul…

Les dessins de Kudranski sont juste époustouflants ! C’est sombre, très sombre, mais cela colle parfaitement à l’univers noir et sans espoir dans lequel baigne Oswald Cobblepot. Surtout, Kudranski nous fait exploser les sentiments que ressentent les protagonistes en plein visage. Un magnifique travail.

Comme pour La Revanche de Bane, cette édition d’Urban Comics sur le Pingouin possède une double page nous narrant en vitesse ses origines, avec un récapitulatif de ses capacités et les œuvres les plus importantes où il apparaît.

Nous avons ensuite le droit à une courte histoire, issue du Joker’s Asylum, où le Joker, justement, nous raconte une autre rencontre amoureuse et tragique du Pingouin.

Bref, La Splendeur du Pingouin est une magnifique surprise. Tant scénaristiquement que graphiquement. Gregg Hurwitz nous fait un portrait sinistrement triste d’Oswald Cobblepot pour lequel naît un sentiment d’empathie total. One ne cautionne pas du tout ses actes mais on les comprend, du moins on comprend pourquoi il agit ainsi. Un récit fort émotionnellement, très dur, très triste, sans espoir, mais qui nous permet de voir le Pingouin d’un autre point de vue dorénavant. A découvrir.
Romain_Bouvet
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le 18 janv. 2014

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Romain Bouvet

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