Lastman, ou l'influence bénéfique des dessins animés japonais

Insaisissable, déroutant, mais surtout bourré de talent, Bastien Vivès est indéniablement une des étoiles montantes de la bande dessinée française. A priori, son look d’ado attardé a pourtant de quoi laisser perplexe, de même d’ailleurs que son œuvre. Découvert en 2008 avec "Le goût du chlore", une histoire de piscine dans laquelle il ne se passe quasiment rien, il s’est surtout fait connaître en 2011 avec "Polina", un magnifique roman graphique sur la danse classique, récompensé notamment par le Prix des Libraires de Bande Dessinée. Deux livres qui situent plutôt Vivès dans le genre intimiste et intello. S’il était cinéaste, on le rangerait clairement dans la catégorie "art et essai". Mais ce serait réducteur car depuis lors, il ne cesse de nous surprendre en explorant de nouveaux horizons. Vivès semble vouloir toucher à tout, que ce soit le péplum ("Pour l’empire" avec Merwan Chabane chez Dargaud), la BD érotique ("Les melons de la colère" aux éditions Les Requins Marteaux) ou les strips décalés sur la vie quotidienne ("Le jeu vidéo", "La famille", "L’amour" et 3 autres tomes parus dans la collection Shampooing chez Delcourt). Une diversité étonnante, à laquelle il convient désormais d’ajouter le manga, puisque c’est le nouveau terrain de jeu de Bastien Vivès avec "Lastman". Pleine d’action et de rythme, cette série est le résultat d’une enfance bercée par le Club Dorothée et ses dessins animés japonais. En lisant "Lastman", que Vivès signe avec Balak et Mickaël Sanlaville (l’objectif des trois comparses est de fonctionner comme une sorte de mini-studio nippon), on sent l’influence de "Dragon Ball" et compagnie, en particulier dans les scènes de combats. Mais "Lastman" n’est pas pour autant une simple copie de ce qui se fait au Japon: il s’agit d’un véritable manga à la française, qui respecte les codes des ouvrages nippons tout en y ajoutant une bonne dose d’humour mais aussi et surtout des personnages attachants. "Lastman", c’est l’histoire de l’association assez improbable entre le jeune et chétif Adrian Velba et la brute expérimentée Richard Aldana, qui se retrouvent à faire équipe un peu par hasard dans le tournoi du roi, une compétition prestigieuse qui mélange arts martiaux et magie. L’histoire n’est pas crédible pour un sou et intègre régulièrement des éléments ou des expressions modernes dans un contexte moyenâgeux, mais finalement on s’en fiche que ce soit réaliste ou pas, car il s’agit d’un récit diablement efficace et amusant à lire. De la pure détente sans prise de tête, à mille lieues du "Goût du chlore". On sent que Vivès et ses comparses prennent un plaisir fou à mettre en scène les aventures de Richard et d’Adrian. A tel point qu’ils imaginent déjà faire au moins 20 tomes de "Lastman" (détail important: les deux premiers tomes font chacun 200 pages!). Pourront-ils tenir la cadence infernale des auteurs de mangas? Cela reste à voir, mais en attendant, on se réjouit déjà de retrouver prochainement les personnages attachants de "Lastman". A commencer par la "bombesque" maman d’Adrian, qui parvient sans peine à envoûter le viril Richard… histoire avant tout de s’assurer qu’il n’arrive rien de fâcheux à son fiston chéri.
matvano
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le 9 août 2013

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