Arthis est de retour dans les marais à la recherche de Galthédoc, toujours la même idée en tête. La nouveauté c’est qu’Anne l’accompagne, pour lui montrer son intérêt semble-t-il. Sauf qu’un soir, elle réalise que si Arthis lui a dit « C’est l’image d’une femme qui m’a aidé à tenir » en évoquant son séjour dans la geôle souterraine, en fait il ne parlait pas d’elle ! Le souci du moment, c’est qu’Arthis est incapable de retrouver Galthédoc. A tel point qu’on peut envisager l’hypothèse que ce royaume soit le fruit de son imagination (accentuée par la fièvre des marais).


En Galthédoc, la situation est assez compliquée. Le roi semble ne plus avoir toute sa tête et sa mémoire lui fait régulièrement défaut (en particulier le matin, au réveil). Son vrai souci, c’est qu’il n’a pas de descendance pour lui succéder. Or, la prédiction dit que « … le roi d’aujourd’hui sera destitué par un prince légitime, qui par là, à son tour, deviendra roi ! » Mais, le roi n’a pas d’enfant légitime et Argon n’est qu’un bâtard qu’il a eu d’une servante engrossée un soir de beuverie. Pourtant, Argon est bien décidé à s’emparer du trône. Il complote depuis longtemps, en particulier avec les trois seigneurs qui dominent le royaume. Les rapports de force font qu’Argon pense avoir les cartes en main. Il faut dire qu’en Galthédoc des hommes en armes font régner la terreur. État d’esprit renforcé par les nombreuses superstitions. La superstition est en particulier alimentée par tout ce qui se dit autour d’un mystérieux flûtiste qui se fait régulièrement entendre (même par le roi, pour qui on tient une comptabilité détaillée de ces occasions), un air assez court, toujours le même, venu d’on ne sait où. La superstition en Galthédoc est également entretenue par une situation alarmante, puisque les derniers nés sont tous des garçons.


Quelle est l’intention du roi, sachant que sa femme a disparu depuis une éternité et que sa seule famille encore en vie est un frère enfermé dans son mutisme et sa folie ?


Et puis, un mystérieux personnage occupe une position qui semble être celle de domestique auprès du Mage aux cent mille vierges. Ce Joachim ne connaît rien de ses origines, mais il est à l’aise dans son rôle de troubadour connaissant Galthédoc comme sa poche.


Ce troisième épisode de la Balade au bout du monde (46 planches, dans un format classique de la BD franco-belge) se passe essentiellement en Galthédoc, le duo Makyo-Vicomte accentuant l’aspect moyenâgeux de la série. Le reste est situé dans les marais et le dessin de Vicomte est très bien mis en valeur par les couleurs signées Quilici, chacun s’étant cette fois-ci clairement réparti le travail. Les révélations de cet album sont moins théâtrales que dans les précédents, mais de nouveaux éléments viennent relancer l’intérêt pour justifier un quatrième album annoncé comme le dernier (à l’époque, 1985, il n’est pas question de prochains cycles). Dans son scénario, Makyo prend son temps pour faire comprendre la situation politique en Galthédoc, avec l’état mental instable du roi et sa succession très ouverte aiguisant les appétits. Le personnage de Joachim apporte de nouveaux mystères et le lecteur est très intrigué par la prisonnière enfermée dans une tour, le visage caché par un masque symbolisant le soleil. L’isolement de Galthédoc apparaît de plus en plus mystérieux car s’il est entretenu (par qui et pourquoi ?) on sait maintenant qu’il est bien une enclave dans le Grand Pays. Le projet d’Arthis éveillera-t-il un écho et si oui de quelle sorte ? Bien qu’agissant de façon consciente et réfléchie, il est possible qu’Arthis soit manipulé. Cet épisode est donc riche d’enseignements, de rebondissements et de situations qui sont illustrées par des dessins magnifiques où tout est bien rendu, que ce soit l’action, la tension entre les personnages, leurs états d’esprit (notamment le roi). Anne qui, au début, fait déplacée dans la barque d’Arthis avec sa tenue chic, se révèle un personnage très intéressant qui va naturellement trouver sa place dans ce qui se trame en Galthédoc. Hors du Grand Pays, elle se montre parfaitement confiante dès lors que Joachim indique la marche à suivre. Elle « vole la vedette » à Arthis, celui-ci réagissant par « Et merde avec ton Joachim a dit » qu’elle ne semble même pas entendre…

Electron
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le 13 janv. 2015

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