Le Beau Voyage
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Le Beau Voyage

BD franco-belge de Zidrou et Benoît Springer (2013)

Ça commence par la mort du père. Un simple coup de téléphone et la nouvelle tombe, violente. Léa s’y attendait, elle savait qu’il était condamné depuis quelques mois mais le coup est rude à encaisser. Ce père médecin, fou de son boulot qui ne lui a jamais vraiment accordé l’attention qu’une petite fille mérite. Et que dire de sa mère, partie avec un représentant d’aspirateurs et qui ne la prenait jamais dans ses bras, ne la touchait que pour soigner quelques bobos. Elle aussi est morte, il y a longtemps maintenant. Accident de voiture. Au fil des pages on découvre que la vie de famille de Léa n’avait rien d’un long fleuve tranquille. Beaucoup de non-dits, de cadavres dans les placards. Difficile pour la jeune femme de se construire sereinement, de ne pas se bruler les ailes comme un papillon de nuit…

C’est beau un scénario de Zidrou. Tricoté au cordeau, dévoilant les éléments de l’intrigue comme bon lui semble dans une logique qui s’avère au final implacable. Ils ne sont pas nombreux les auteurs de BD capables de glisser dans la même histoire des thématiques comme la mort du père, la maladie, l’avortement, le suicide, l’adultère ou l’homosexualité sans tomber dans le propos archi-plombant. L’histoire de Léa, jeune femme paumée, en manque d’amour, est bouleversante. Cette fille attachante en diable qui s’est construite avec ses innombrables blessures, on a qu’une envie, c’est de la prendre dans ses bras et de la réconforter. La fin positive m’a fait penser aux écrits de Boris Cyrulnik sur la résilience, ce concept désignant la capacité à réussir, à vivre et à se développer en dépit de l’adversité. L’espoir, toujours, demeure...

J’aime beaucoup Springer depuis Les funérailles de Luce. Ici, son dessin est simple, proche de l’épure. Il apporte humanité et profondeur à l’histoire. Les scènes de nu, assez nombreuses, ne tombent jamais dans la vulgarité ou le racolage. A l’évidence, il était le dessinateur idéal pour illustrer au plus près l’intimité de Léa sans en rajouter des tonnes. Graphiquement sobre et juste, ce sont des qualités rares et précieuses de nos jours.

Un magnifique album. Je me suis régalé.
jerome60
8
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le 3 avr. 2013

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jerome60

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