Manga allégorique sur le drame de l'amour entre l'homme et la femme

L'amour n'est pas un drame en soi, mais il a ici un traitement sombre. Ce manga a été publié en 1970 et il est marqué par l'influence de son époque : on sent toute la libération sexuelles de la jeunesse des sixties. Le Chant d'Apollon s'ouvre par un prologue qui décrit de manière métaphorique la fécondation : les spermatozoïdes sont assimilés à des hommes et l'ovule à une femme, schéma bien connu qui permet d'insister sur la compétition pour la vie et la chance initiale à l'origine de tout être humain, la fameuse chance sur cinq cent millions de devenir un être humain... Cette métaphore aboutit à une transposition. Ce principe de fécondation si on le représente par une compétition d'hommes pour être l'élu d'une femme, on a report de sa logique au niveau de la vie entre les humains réels. Mais, plus subtilement, on voit aussi en filigrane l'idée d'un drame perpétuellement relancé. La survie de l'espèce offre le perpétuel recommencement de l'action entre les spermatozoïdes et l'ovule, et finalement les amours humains n'ont que le temps de leurs vies, sinon de leurs passions, et sont perpétuellement remplacés par les amours de nouveaux humains. En gros, la mort, la finitude physique du cycle amoureux assombrit le tableau et permet de parler de drame de la vie. L'amour est prisonnier de la conscience que nous ne sommes pas éternels. Le manga n'insiste même pas sur la transmission du flambeau, seulement sur la tension entre l'amour et le fait que les êtres amoureux disparaîtront.
Mais, après ces quelques pages de prologue, nous entrons dans le récit du Chant d'Apollon, ce n'est pas encore le premier chapitre, c'est une introduction plutôt. Cette fois, nous nous intéressons au profil du personnage principal. Le héros est un enfant non voulu par sa mère qui l'a eu très jeune et qui le trimballe comme une charge en multipliant les amants. Le garçon se demande pourquoi l'amour sexuel l'a fait naître, lui qui n'est pas aimé de sa mère, et donc il se venge, au moins sur les animaux, en les massacrant dès qu'il voit un couple se former ou s'épanouir. Cela lui vaut un internement psychiatrique. Tezuka appartient à une époque où on se faisait énormément d'illusions sur la scientificité et le caractère sain du freudisme, de la psychiatrie, même si, bientôt, l'alerte allait pouvoir être ponctuellement donnée (Vol au-dessus d'un nid de coucous, etc.), époque où on négligeait le problème d'arrogance des prétendues sciences de la psychologie humaine et sur l'instrument de répression sociale qu'était la psychiatrie, qui fonctionne main dans la main avec la police, les tribunaux, les autorités étatiques, etc., époque où on négligeait le danger des médicaments, époque où on confondait comme aujourd'hui mais un peu plus encore qu'aujourd'hui la guérison d'une maladie avec une absence de manifestation de symptômes, etc. C'est un peu pour ce côté dangereux et scandaleux du propos du manga que je lui retire une étoile. On ne peut pas souscrire à une dangerosité de soumission pareille.
En tout cas, la thérapie consiste à provoquer une suite de rêves chez le patient où il vit de multiples histoires traumatisantes où il tombe amoureux d'une femme sur un coup de foudre ou assez rapidement, mais à chaque fois ça finit par la mort. Le personnage a été clairement averti dans un premier rêve que c'était la malédiction qui l'attendait, sauf qu'à un moment donné le héros s'échappe de l'hôpital et connaît une autre suite d'aventures tragiques et amoureuses. Même les plans deviennent peu distincts, se mélangent. Et tout à la fin du manga, on comprend que cette malédiction est aussi après tout celle du drame de la vie où l'amour est toujours à recommencer pour l'espèce. La différence, c'est que, pour notre héros, la mort l'atteint dès qu'il commence une relation amoureuse, mais quelque part s'il devient amoureux en acceptant la mort, c'est qu'il est guéri, bien au-delà de son refus initial de la chose amoureuse.
Le découpage en chapitres est un peu déconcertant. Il y a un prologue et cinq chapitres, mais quelques pages semblent intercalées entre le prologue et le premier chapitre, tandis que le quatrième chapitre beaucoup plus long que les autres chevauchent l'autre découpage du manga en deux grandes parties. En effet, on a un début de deuxième partie à la page 375 au milieu d'un quatrième chapitre qui va de la page 287 à la page 453. Il n'est pas écrit deuxième partie, mais on a bien la coupure d'une page de faux-titre Le Chant d'Apollon, peut-être le manga a-t-il été initialement publié en deux volumes. En tout cas, les chapitres offrent des histoires distinctes dans des univers distincts avec des modalités différentes de conflit du héros avec les femmes qu'il rencontre. Dans le premier chapitre, le héros est envoyé en pleine Seconde Guerre Mondiale dans l'armée allemande avec son nom japonais. Les gens lui demandent comment il est arrivé là, quelle est son histoire, mais le héros ne daigne pas répondre, il garde le silence face aux questions. Ce premier récit est l'occasion d'un premier récit d'amour difficile qui annonce un peu une scène du manga L'Histoire des 3 Adolf, mais ici le héros n'est pas endoctriné, n'a rien fait de mal auparavant et n'est même pas allemand. Ceci dit, Tezuka s'inspire du mythe de Pyrame et Thisbé et bien sûr de sa variante la plus célèbre Roméo et Juliette pour donner une histoire tragique d'évasion et de poursuite dans la campagne où le héros et celle pour qui il a le coup de foudre finissent par être responsable de la mort l'un de l'autre, malgré l'amour et l'entraide réciproques. Les malentendus ont raison d'eux. Nous retournons bien sûr à l'unité psychiatrique et nous en apprenons plus sur la méthode thérapeutique adoptée, méthode douteuse et dangereuse, mais Tezuka ne la critique pas du tout, elle lui permet de poursuivre son récit allégorique et fantasmagorique à thèse. Une histoire encore plus belle, dans l'esprit des contes, nous entraîne sur une île avec un petit clin d'oeil à l'arche de Noé. L'homme et la femme s'affrontent quelque peu, l'amour est encore proche de la haine. La société des animaux est prétexte à une utopie fantastique. Et l'amour est consacré par un baiser au crépuscule. Mais les choses vont tourner mal, comme le veut la malédiction initiale. Suit une première évasion du héros qui fait l'objet du troisième chapitre, puis, sans trop de précisions le héros repris vit à nouveau une expérience en rêve dans le quatrième chapitre, expérience qui vire à la science-fiction, nous sommes dans le futur et les humains sont devenus peu nombreux et ils sont dominés par des êtres qu'ils ont créés les bioroïdes qui n'ont pas d'organe reproducteur ni appareil digestif, mais qui ont l'intelligence. La reine des bioroïdes est curieuse de l'amour, un sujet d'époque qu'on retrouve dans des films comme Barbarella. Tezuka, on le sait, raffole, de ce type de sujet et il le traite ici à sa manière. Nous sommes entraînés sur la pente, malgré l'impossibilité de l'assouvir physiquement, sur le problème du clonage des corps et de l'identité, et aussi sur l'idée de mourir à deux en amoureux. Ce dernier thème se prolonge dans l'ultime chapitre avec en introduction un couple qui provoque un double suicide en appelant sur soi la foudre, et notre héros va tomber sur leurs corps, sachant qu'il est toujours lié au personnage féminin qu'il a rencontré lords de sa précédente évasion au chapitre 3. Il semble que le psychiatre ait remis la main sur lui, mais sans le livrer à la police. Ce n'est pas d'une grande limpidité scénaristique, c'est vrai. Ce chapitre a un scénario qui n'est pas pleinement prédictible, qui a de bons rebondissements et qui justifie le titre de Chant d'Apollon par des références explicites au mythe de Daphné transformée en laurier. La conclusion se joue avec une ultime rencontre dans une dimension mystérieuse avec la déesse grecque qui a formulé la malédiction initiale, et ceci nous délivre une sorte d'éclairage de la perspective adoptée dans cette suites d'amours tragiques.
Le manga peut être rapproché de Debout l'humanité ! mais il est moins caricatural et moins comique. Ici, le récit reste assez sombre, même si l'action est traitée avec la légèreté propre à un récit caricatural allégorique.
Le début du manga est l'occasion de dessins représentant la masse avec le même personnage dessiné un nombre incalculable de fois ce qui rappelle Debout l'humanité ! ou fait écho à certains dessins de Barbara. Les cases sont en général rectangulaires, mais leurs formes varient. On a tout de même plusieurs dessins soit pleine page, soit en double page. On a malgré tout des cases à lignes obliques avec en particulier des pages où les cases deviennent un quart de cercle de rayons obliques (pages 20, 193 à la limite, 231, 233, 235 et 236 à la limite, 266, 322, 510). Je vous laisse lire le manga et chercher par vous-même leur visée de sens et la raison de leur concentration autour des pages 231 à 236.


On a droit aussi à plusieurs reprises à des pages à cases verticales, trois ou quatre cases avec en principe une idée de chute vers le bas réelle ou symbolique qui est représentée à cette occasion, à moins que nous ayons des contre-plongées avec le haut et le bas de la gloire (pages 19, 137, 174 (ici avec des lignes obliques en renfort expressif), 390 et 391, 426, 439, 441, 538 et 539). Ma liste d'exemples montre des variantes de présentation et je pourrais d'ailleurs du coup élargir mon champ avec les exemples des pages suivantes : 87, 168, 188, 267, 270 et 286.
A la page 15, on a un effet d'accentuation des personnages au premier plan qui introduit superbement le héros principal, cerné par un halo qui contraste avec l'ombre derrière lui, tandis que les deux médecins qui l'accompagnent ont des têtes qui sortent du cadre de la case. Ils sont représentés tous les trois en pied qui plus est, avec justement une identité marquante des chaussures d'hôpital au sol. Nous aurons un dessin sur les mêmes principes à la page 167, mais cette fois c'est le héros principal avec la charge qu'il porte qui met un pied en-dessous des limites de la case. Page 18, on repère un rare emploi d'une case formée par des contours arrondis vaporeux pour signifier le souvenir ou plutôt ici le report en imagination d'une scène passée. Puis juste en-dessous, non pas un personnage qui sort du cadre, mais qui le cogne, l'assistante entend le chef médecin parler de recourir aux électro-choc, sa tête se heurte à la limite supérieure de la case. En revanche, à la page 218, dans des dessins qui représentent ce qu'image la femme photographe pensant son discours, on a une case brisée avec une communication entre deux dessins. Un personnage masculin chaussé à la manière japonaise traditionnelle (sabots) frappe dans une femme à terre qui est poussée sur l'autre dessin au milieu d'un cadavre de femme en morceaux sur lequel une voiture vient de rouler.
Signalons à l'attention d'autres de ces jeux de mise en page. Nous ne les commenterons pas vraiment et il s'agit d'être invité à la lecture en percevant un peu ce que c'est qu'une mise en page dynamique et expressive avec des effets, ce que c'est que de faire parler les images entre elles par des parallélismes, des compositions, etc.
Page 209 : quand le héros reconnaît une femme qu'il a rencontrée en rêve, la voiture filant à vive allure est représentée à la verticale, comme si c'était une fusée qui décollait. A plusieurs reprises, nous avons aussi un découpage cinématographique pour exprimer le temps dans une scène de contemplation silencieuse, pour exprimer un changement dans le décor, puis plutôt vers la fin du manga nous avons des séries de plans sur la tête d'un personnage avec une suite de menues variations de la physionomie, du port de tête, du regard, du sourire.... La gêne sexuelle vis-à-vis de la mère surprise dans ses ébats est magnifiquement exprimée avec page 32 ses jambes vues dans la pénombre d'une pièce pas complètement éclairée, apparition spectrale séduisante et inquiétante à la fois. Page 51, on a un bel effet de composition avec une quasi pleine page de l'avion qui bombarde les wagons d'un train, page surchargée d'onomatopées, mais dans le coin gauche, on a à la verticale, en-dessous de l'avion menaçant trois petites cases, une d'onomatopées, puis deux autres représentant les réactions du héros et de son compagnon, avec une chute humoristique qui fait contraste à toute la composition. Sous les bombes, le héros a la gaule. Page 64, il y a un jeu d'opposition des lignes obliques, qui, case après case, vont dans un sens puis dans l'autre, oscillation qui raconte le même malheur, la même agitation implacable, chaque ligne oblique est finalement un coup qui porte, loin de s'opposer, elles se complètent dans le sentiment du drame.
Et à la page suivante, animalisation de la fuyarde avec un profil que je dirais de belette.
Effet de composition également dans le retour à la réalité entre les pages 76 et 77 entre le héros allongé dans les foins blessé et le héros attaché à la table des électrochocs qui viennent de se terminer. Début du chapitre 2 page 93, encore un effet de composition avec sentiment d'écrasement paradoxal sur le sable d'une île déserte, puisqu'on a une image à plat du héros étroitement coincée entre deux dessins plus larges qui ont leurs propres intérêts stylistiques par ailleurs... Double page 98 et 99, on a un dessin supérieur en une ligne verticale et un élargissement de la scène dans le dessin inférieur, et donc les deux cases sont sur deux pages. Effet de contraste dans la Nature entre les cases des pages 112 et 113, puis parallélisme de composition entre deux dessins larges au bas des pages 114 et 115, avec le héros qui court affolé et la fille qui crie affolée avec l'ombre du garçon qui lui mange la moitié du visage.
Page 177, on a une dominante visuelle de la case verticale supérieure où on voit le contraste des pieds chaussés des pantoufles d'hôpital psychiatrique avec l'ombre (encre noire de la case).
On en aura pas mal vers la fin du manga, mais à la page 212 un premier dessin de route sinueuse à la perspective fantaisiste. Belle dynamique de virage page 476 également.
Page 311, superbe succession. On a une image verticale rectangulaire supérieure représentant le héros amoché et allongé, plus précisément finissant sa chute. La seconde image se sert des lignes obliques pour poursuivre l'impression de chute, mais tout est noir, le héros perd connaissance. la troisième image continue de jouer sur les obliques en accentuant l'idée de fracture, image toute noire, puis encore une autre avec deux yeux qui s'ouvrent interrogateurs. Ensuite, une image du héros allongé sur une table en présence de trois bustes dont l'un commente en nous apprenant qu'ils l'ont sauvé. Bref, on a à quelques reprises des successions d'images noires, simples écrans, et ici une variante avec les lignes obliques qui les distinguent et les rendent plus dynamiques. C'est une sorte d'art minimaliste, sauf pour la quantité d'encre.
Excellent effet de composition page 320 deux cases de vis-à-vis, deux sont regardés, une autre les regarde dans leur nudité, mais il y a une autre liaison par le regard entre les deux images, puisque cachant son sexe avec ses mains le héros fixe la reine avec l'oeil qui n'est pas recouvert par sa mèche longue de cheveux. Et la page en vis-à-vis a son propre intérêt esthétique...
Je pourrais commenter des configurations plus compliquées, mais je pense que ça donne déjà des clefs pour bien entrer dans la lecture de ce manga et pour bien voir sa nature de regard artistique posé sur les choses. Je pourrais commenter les alternances d'action et de méditation, d'autres coups de génie dans le dessin, à l'intérieur des cases elles-mêmes, commenter la distribution premier plan, arrière-plan, etc., commenter la fragmentation, les cadrages choisis sur les personnages ou la foule, etc., commenter le motif de l'oeil qui fait communiquer et les personnages entre eux, et les cases entre elles, etc., etc., commenter l'insertion de la Nature dans des dessins qui dialoguent avec l'action. Je pourrais commenter le choix des cases encrées en noir, le choix de pages dont les bordures sont encrées en noir, relever toutes les cases qui soit n'ont pas de déilimitation, soit ont une délimitation originale, commenter les graduations du noir, du gris, etc., commenter les vagues marines près de l'île, etc., etc. Certes, les personnages se ressemblent et ont des traits sommaires, certes les voitures sont presque des rectangles bien souvent, mais ce manga a une profondeur réelle dans ses dessins et sa mise en page... Les récits eux-mêmes sont prenants et l'action ne manque pas, sans que ne se perde le propos allégorique de l'auteur.
Enfin, un court manga est livré en bonus : le Poème du bazar, une histoire courte dans la continuité sixties avec le rappel des manifestations étudiantes. Enfin, nous avons une postface d'une page d'Osamu Tezzuka lui-même où il reconnaît la nette influence des gekigas (mangas plus sombres pour adultes) sur son oeuvre à partir de la fin des années soixante.

davidson
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le 16 août 2019

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