Cet album, le deuxième de la série, se situe intégralement à Paris (petite incursion à Neuilly) et on aurait bien tort de s’en plaindre, car Tardi met la ville en valeur comme peu sont capables de le faire. Dès les premières planches, c’est un régal, avec les colonnes Morris, les grands boulevards et les boutiques. Plus loin, il y aura la tour Eiffel, le pont Neuf et les théâtres à la recherche de l’inspiration assyrienne. Tardi n’en fait jamais trop (luminosité, couleurs ou dessin chocs), mais ce qu’il donne à voir rend parfaitement compte de l’atmosphère et de l’aspect monumental de la capitale. Il sait que l’intrigue du premier album est tortueuse, alors il en donne un condensé au début, ce qui permet de situer les personnages et leurs visées.


Un nouveau venu, avec Simon Flageolet qui porte bien son nom, car s’il est curieux, il est assez passif et attend que les éléments de son enquête viennent à lui. Il préfère passer l’essentiel de son temps à méditer vêtu d’un costume assyrien dans son appartement. Que vient-il faire dans cette histoire ? C’est ce qu’Adèle Blanc-Sec aimerait savoir. Leur rencontre est inévitable. Moteur intéressant pour l’intrigue, car Flageolet a quelques indications et Adèle l’énergie et la volonté pour aller plus loin. C’est elle qui remue Flageolet.


Il s’en passe de drôles du côté du pont Neuf. La presse se charge de répandre la nouvelle. Quasiment chaque soir, une disparition de ce côté-là est accompagnée d’un nouveau cas de peste. Oui, rien moins que la peste. La couverture de l’album montre Adèle endormie dans son lit, un démon menaçant s’intéressant à elle. Figure mystérieuse bien dans le style de cette série où Tardi lorgne sur le fantastique, avec une touche marquée de grotesque. L’album se signale par des incursions aussi bien dans les hauteurs que dans les profondeurs. Vers le haut comme vers le bas, ce qu’on y observe n’est guère encourageant.


A l’image du premier album de la série, celui-ci est encore truffé de rebondissements, de trahisons et de personnages caricaturaux. Adèle est une observatrice attentive que rien ne surprend vraiment. Elle se comporte en curieuse n’ayant pas froid aux yeux. Elle prend des notes mais ne semble pas avoir réellement besoin de travailler pour gagner sa vie. Les policiers sont toujours aussi peu efficaces, Léonce Caponi est toujours un imbécile. Bien qu’étant son supérieur hiérarchique, le commissaire principal Dugommier ne vaut pas mieux. Son numéro de grand guignol au sommet de la tour Eiffel en est la preuve.


L’album est dans le même ton que le premier. Je le trouve légèrement inférieur car, si les dessins restent de très bonne qualité, le scénario manque un peu d’originalité. Les personnages tournent un peu en rond, à l’image des dernières planches qui sonnent un peu comme une sorte de bouche-trou pour arriver aux 46 planches réglementaires.

Electron
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le 17 avr. 2015

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