Force est de constater que Florence Cestac n’aura pas beaucoup changé pendant sa carrière. On retrouve le même dessin, imperturbablement. Sa série sur les différentes crises de la vie continue ici avec son dernier (et ultime a priori) tome : « Le Démon de Mamie », qui fait suite au « Démon de midi », « Démon de l’après-midi » et « Démon du soir ». Le tout est publié chez Dargaud pour un format classique de 56 pages.


« Le démon de Mamie » s’attaque à la période des 70 ans. La vieillesse donc, après le tome suivant qui s’attaquait à la crise des 60 ans et de l’arrivée de la retraite. Le choix de Cestac est alors assez décevant. Plutôt que de faire une histoire qui, en sous-texte, dévoilerait ce qu’est la vie à 70 ans, elle accumule les poncifs en faisant des petites saynètes explicatives pour la plupart. On a donc les petits enfants, puis les parents séniles, puis le mari, puis les héritages, puis la santé, etc… Aucun personnage n’est caractérisé, l’émotion est donc complètement nulle.


Cestac est avant tout connue pour son humour, alors on espère que cet axe sera à la hauteur. Mais, là aussi, rien de cela. Il y a bien des petits traits sympathiques, mais tout est si convenu. Il n’y a quasiment aucune surprise. Cela m’a rassuré les guides de la quarantaine en BD, le genre de trucs qu’on offre à des gens qui ont 40 ans. On est loin du « Démon de midi ».


La narration originale de Cestac, où le personnage parle au lecteur puis, à la case suivante, parle à d’autres personnages, donne une impression didactique, comme si l’autrice voulait nous expliquer ce que c’est que d’avoir 70 ans. Sauf qu’on n’apprend pas suffisamment de choses pour que cela soit pertinent. Ça ne brise pas tant de tabous que cela, puisque tout va très vite, toujours avec un trait d’humour distancié (notamment par le dessin). Bref, pourquoi tout ça ?

Si vous aimez le dessin de Florence Cestac, vous le retrouverez, ni plus ni moins. Le dessin est généreux et passe majoritairement par les expressions faciales. Il m’a semblé que le trait était particulièrement épais, mais sans doute était-ce déjà comme cela dans ses autres ouvrages.


Quelle déception que ce « Démon de Mamie ». En se refusant de caractériser son personnage et les autres, en étalant une sorte de liste des choses que vivent les septuagénaires, Florence Cestac nous laisse indifférents, voire dans l’ennui. Rien de fou ici, rien de vraiment drôle ou émouvant. En évitant le travail de fiction, l’autrice semble ne pas avoir voulu s’embêter. Dommage.


belzaran
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le 26 août 2025

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