Un grimoire, des automates, des flammes de vie et … une vente aux enchères.


Dernier album inclus dans « la trilogie de l’automate » (avec Après la pluie (DPM-84) et Le grand animateur (DM11)) qui raconte la vie du professeur Cormor (automate de Vaucanson) sur plusieurs époques, Le grimoire de l’inventeur est tout simplement l’un des meilleurs Donjon Monsters de la série, voire même l’un des tous meilleurs Donjon tout court.


Sfar et Trondheim développent en effet dans cet opus un scénario riche en péripéties et rebondissements, rempli d’humour bon enfant et de personnages décalés comme on aime, de dialogues enflammés au verbe finement manié, dans une ambiance joviale toute en légèreté … bref, un condensé de l’esprit Donjon Zénith, qui rappelle les tout premiers albums de la série par sa fraîcheur et son humour décapant. La surprise est d’autant plus agréable que l’on n’était plus habitué dans Donjon à retrouver ce genre d’ambiance, les cinq derniers Donjon Monsters étant quand même (très) noirs, voire carrément glauques pour certains. On n’imaginait donc pas les auteurs capables de retrouver l’humour et la légèreté des débuts, et cet album qui prouve le contraire est un sacré soulagement – en plus d’être une véritable pépite.


Enquête, aventure, humour agrémentent donc ce récit qui nous apprend en plus – miam miam ! – tout un tas de petites choses croustillantes pour le background du Donjon. On découvre ainsi que Guillaume De la Cour détient les Lunettes du Destin (dont on apprend le fonctionnement) ; on apprend comment désactiver un automate de Vaucanson ; des lieux emblématiques de Terra Amata comme Vaucanson, Clérembard, Cochonville ou le Grand Poupoulou sont plus fouillés. Bref, tout un tas d’informations qui régaleront les fans ! Cerise sur le gâteau, Le grimoire de l’inventeur fait le lien avec un nombre incalculable d’autres albums de la série grâce à de nombreuses références subtilement glissées dans le scénario.


Lorsque Sfar et Trondheim annoncèrent à l’époque confier la réalisation de cet album à Kéramidas, l’étonnement était certainement le sentiment le plus répandu chez les lecteurs – étonnement parfois transformé en réticence voire carrément en hostilité chez certains qui n’avaient pas hésité à traiter Kéramidas de « mouradiste » (les lecteurs assidus de la série comprendront l’allusion). Le dessinateur de Luuna était en effet à l’époque plutôt estampillé « dessinateur Soleil », soit un dessinateur emblématique d’une grosse maison d’édition spécialisée dans la diffusion au public le plus large possible de séries d’héroïc-fantasy très stéréotypées et pas très futées. Bref, Kéramidas, par son style et ses liens avec les éditions Soleil, était aux antipodes des dessinateurs lorgnant du côté des productions dites alternatives, auxquels Donjon nous avait plutôt habitué jusque-là. Au final, dès la première page de l’album, Kéramidas met tout le monde d’accord et donne raison à Trondheim et à Sfar. Son dessin très « dysnéen » enlumine l’univers de Donjon, entre des personnages parfaitement croqués et des décors fourmillant de détails et brillamment revisités. L’ambiance « roots » qui se dégage de Cochonville sous ses crayons ou l’architecture délurée du Grand Poupoulou par exemple sont ainsi à souligner. Le rendu est au final très séduisant, d’autant que la colorisation lumineuse de Walter met le tout parfaitement en valeur. Résultat : tout simplement l’un des plus beaux et meilleurs Donjon de la série.

_minot_
10
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le 22 mars 2021

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