Déluges surnaturels.

Le dessin de Sandrine Revel recherche toujours la naïveté des premières années d'école primaire. Il évite le rendu du relief, s'en tient à des couleurs relativement unies sur les personnages, au contraire des ciels plus ou moins moutonnés. Chaque personnage est limité à une psychologie simple, et, à travers les points de vue sectaires et partisans des anges et des démons, on apprend - hélas ! - la vie des adultes, eux-mêmes enfermés dans des attitudes sectaires.

La féérie revêt un côté salutaire: je ne sais quelle jubilation sadique et exterminatrice j'ai éprouvée à voir Paris noyé sous un déluge (c'est la fonction de tout déluge conscient et organisé d'effacer la civilisation). Les tentatives des êtres surnaturels pour enrayer les inondations donnent lieu à de belles images aériennes et pleines de beaux éclats colorés. A la fin, anges et démons reconnaissent sagement leur responsabilité. C'est le moment le moins réaliste de ce récit qui, pourtant, ne brille pas par sa fidélité à la vraisemblance: les adultes, eux, ne reconnaissent jamais leur responsabilité...