Un peu plus que bof, mais certainement pas wahou.
Reprocher à un Blake et Mortimer d'être classique, c'est comme reprocher à Lucky Luke de faire du cheval ou à Gaston de faire des gaffes : c'est idiot. En tout cas tant qu'il n'est pas question de revoir les codes de la série, ce qui n'est visiblement pas le projet pour le moment.
De ce point de vue, ce nouveau tome est conforme à ce qu'on peut attendre d'un B&M : du flegme britannique, du "by jove" à toutes les sauces, du mystère épais comme le fog, une enquête tortueuse au possible qui implique le passé de Blake et la figure de Lawrence d'Arabie...
Côté scénario, Yves Sente s'en sort donc pas mal, dans un esprit d'enquête dénué de fantastique, plus Marque Jaune que Secret de l'Espadon, même si c'est sans surprise et un rien bavard ; la même histoire aurait bien tenu avec vingt pages de moins et avec une première partie plus énergique. Quant à la fin, elle est assez prévisible, comme l'ont souligné nombre de lecteurs, en dépit des tours et détours qu'emprunte parfois l'intrigue.
En revanche, c'est côté dessin que j'ai eu du mal à accrocher. Bizarre, hein ? A première vue, on reconnaît pourtant bien les personnages et le dessin à la Jacobs. Sauf qu'il manque l'animation que le créateur de la série était capable de mettre dans ses arrière-plans et ses décors. Là, le cadre est statique, souvent d'une grande pauvreté dans les détails, et donne un rendu global décevant. Certains gros plans des personnages font assez peur aussi, notamment les yeux.
Bref, ça ressemble suffisamment à du Blake & Mortimer pour se lire sans déplaisir, ça en a plus ou moins le goût sans en avoir la pleine saveur. De quoi donner envie de relire les albums originaux...