Tintin complétement à l'Ouest
Suite à ses tribulations en terre Belge*, notre jeune ami à la mèche se lance donc à la recherche du trésor de Rackham Le Rouge à bord du Sirius, accompagné de son fidèle toutou et du capitaine Haddock. Au cours de l'expédition viendront les rejoindre l'incurable duo d'inspecteurs incapables (vous aurez bien sûr reconnus les Dupont et Dupond) ainsi qu'un tout nouvel arrivant, j'ai nommé le Professeur Tryphon Tournesol. Comme si deux crétins affables, un vieux loup de mer colérique et un chien cleptomane/alcoolique ne suffisaient pas, Hergé surcharge son équipe de bras cassés d'un vieil érudit malentendant et lunatique.
Les péripéties deviennent risibles et presque ridicules mais ne manque pas de nous décrocher un sourire. Et pas qu'un seul. La joyeuse bandes de drilles ne part pas à l'aventure mais bien en croisière. Ile d'une nature virginale et sauvage, mer turquoise et animaux sauvages nous rappelleraient presque qu'on lit Tintin et pas une escale de la croisière s'amuse.
Surtout qu'à cela ne vient pas ternir l'ombre d'un ennemi, plus besoin : ce sont eux leurs propres ennemis. Noix de cocos tueuses, perroquets effrontés et singes tireurs d'élites viendront mettre les nerfs à vif de nos aventuriers. Sans parler des requins amateurs de rhum et du submersible-tout-pourri de Tournesol. Hergé voudrait-il nous dire par là que ce n'est pas moins les aventures qui nous tombent dessus que nous qui les cherchons ?
Va savoir. Il suffit de réfléchir un tant soit peu au but de cette traversé du monde absurde : la soif de conquête, de pouvoir, de richesse ne nécessite pas mille voyage mais un seul, celui d'apprendre à se connaître soi même. La scène chez l'apothicaire prend tout son sens quand Haddock voit son reflet distordu dans un miroir déformant ou qu'il le perd en en brisant un autre, c'est un présage qui s'ajoute à celui du prophète de fortune : la quête effréné vers l'enrichissement de toute sorte amène un changement en nous voire une perte... En cela Tryphon et son pendule incarnent parfaitement la sagesse face à la folie de l'appât du gain. Pendant que tout un équipage s'acharne à trouver ce trésor, lui, s'ennivre de l'iode marin, s'émerveille d'un ballet de requins et s'enferme dans la lecture de vieux parchemins apparemment sans importances...
Plus à l'Ouest avait-il dit ?
*Voir Le secret de la Licorne (http://www.senscritique.com/bd/Le_Secret_de_la_Licorne_Les_Aventures_de_Tintin_tome_11/critique/29951355)