Faire le deuil d'un passé révolu et continuer de vivre

On parle de crise de la trentaine, de la quarantaine, de la cinquantaine, jamais de la soixantaine, comme si c'était évident : à soixante balais, t'es fini, mec, tu peux espérer que couic, t'as déjà un pied dans la tombe. Pourtant, la crise qu'on peut connaître n'est pas seulement liée à l'âge, mais à ce qui t'arrive sur le plan amoureux, familial et/ou professionnel.


Dans cette bd, le personnage principal vient d'atteindre le demi-siècle, c'est pas rien, mais surtout, il vient de perdre ses parents, ses enfants viennent de partir, quant à sa femme, ce n'est pas très clair, mais ils sont à une croisée de chemins. Il lui reste des cartons, son passé, celui avec ses parents, celui de ses enfants. Il doit se dépêtrer tant bien que mal au milieu de tout ça, très seul, même s'il a quelques copains. Ah, j'ai oublié de dire, il a aussi perdu son job, ça arrive aussi à cet âge. Le voilà dans un Jura enneigé, quasi seul à devoir gérer tant de questions.


Alors, le gars, y redevient presque un ado, il exprime sa solitude, il a un putain de besoin de prendre des risques, avec l'envie de vivre et l'angoisse de ne plus pouvoir, que tout soit derrière. Les souvenirs reviennent, avec tous ces putains d'objets qu'il faudrait trier (et que l'on nous montre avec un travail photographique intégré au récit, dimension originale de l'album quoique peu convaincante du fait d'une forme d'insertion trop rigide, avec ces carrés de photos sur doubles pages).


Les copains ne sont pas autant là qu'on voudrait, la lassitude gagne, l'envie de tout laisser tomber, la dépression avance. Mais faut bien passer par là, semble-t-il, tout vider, souffrir, faire le deuil, s'oxygéner pour pouvoir repartir : accepter la peur, lutter, revivre.


Le scenario est bien foutu, l'ensemble se lit bien, j'ai particulièrement apprécié le travail sur les couleurs. L'album n'est pas d'une grande ambition mais le final est sympa ; les auteurs, qui ont atteint la cinquantaine (on sent le vécu), essaient de distiller une note d'espoir, il y a des passages difficiles pour l'homme décrit ici, mais on comprend qu'il doit se battre pour ne pas finir aigri, tenter de prendre toutes les bonnes choses de la vie, bref, rester "jeune" même s'il y a des moments très difficiles ! Un album sans prétention qui se lit bien.

socrate
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le 8 janv. 2020

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socrate

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