J’aime beaucoup le musée du Louvre, j’y vais souvent pour dessiner ou visiter leurs dernières expositions. La collection de Futuropolis en partenariat avec le musée m’intéresse donc particulièrement, même si peu d’ouvrages m’ont réellement emballé. Le De Crécy est un chef d’œuvre, le reste m’a paru plus corseté (malgré une belle tentative d’Yslaire de s’approprier une histoire ou de Davodeau d’écrire une histoire originale sur le sujet). Malgré un casting très impressionnant, on voit que le travail de commande n’est pas toujours simple ! Cette fois, c’est Jirô Taniguchi qui s’y colle, le plus européen des mangakas, pour 130 pages sur le Louvre.


Les contraintes de la collection est que le lieu de l’histoire doit être le Louvre. Libre à l’auteur de broder quelque chose dessus. De Crécy avait écrit un récit post-apocalyptique, Yslaire de l’historique, Davodeau du contemporain, Matthieu dans l’imaginaire… Taniguchi, hélas, choisit une voie des plus lourdes : la biographie de grands auteurs. Ainsi, son personnage fait des « crises » qui le transportent ailleurs où il va pouvoir rencontrer certains grands auteurs. Le processus lui ressemble bien, mais c’est d’une facilité assez affligeante. Surtout que Taniguchi va rencontrer Van Gogh qui, on le sait, est exposé à Orsay. Ça laisse dubitatif…


En plus de ces anecdotes sur des artistes précis (dont certains moins connus), Taniguchi nous écrit un chapitre sur le déménagement du Louvre en 1940. C’est intéressant, mais un peu court. Peut-être qu’il tenait là son sujet pour une bande dessinée plus cohérente et plus intéressante.


Taniguchi tombe également dans le piège du cliché du Japonais : les premières pages décrivent son personnage qui va visiter le musée et trouve qu’il y a beaucoup de monde. La voie choisie, celle du touriste qui visite, est vraiment banale, surtout en regard de ce qui a été fait. Une impression de cartes postales s’en dégage. Du coup, l’ouvrage manque de force.


En revanche, le dessin est simplement splendide. Certes, le trait reste typé manga chez les personnages et rebutera certains, mais on ne peut d’admirer les planches de Taniguchi. Au-delà de la beauté évidente des aquarelles, d’une douceur et d’une délicatesse incroyable, le découpage est inventif et marque les esprits. On sent du métier et du talent derrière, incontestablement.


« Les gardiens du Louvre » peine à enthousiasmer. L’axe choisi est à la fois classique, bancal et foutraque. On peine à se passionner pour cette histoire à laquelle il manque un fil conducteur. Et devant les qualités évidentes de l’auteur, on voit que réaliser une commande, ce n’est vraiment pas simple.

belzaran
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le 22 oct. 2016

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