Avec Les Ignorants : Récit d'une initiation croisée, Étienne Davodeau nous offre une rencontre improbable mais délicieuse entre deux mondes : celui de la BD et du vin. Une sorte de buddy movie bucolique, où les héros ne sauvent pas le monde mais apprennent à le goûter et à le raconter.
Le concept est simple mais brillant : Étienne Davodeau, auteur de BD, décide de s’initier à l’art de la viticulture auprès de Richard Leroy, un vigneron passionné. En échange, il plonge ce dernier dans l’univers de la bande dessinée. À travers cette double initiation, les deux comparses échangent non seulement des connaissances, mais aussi des visions du monde. En gros, c’est comme Intouchables, mais avec du pinard et des crayons.
Graphiquement, Davodeau reste fidèle à son style clair et épuré, parfait pour capturer la beauté des vignes et la simplicité du quotidien. Les scènes où il apprend les rudiments de la viticulture – comme le labour ou la dégustation – sont illustrées avec une précision qui respire l’authenticité. De l’autre côté, les moments où Richard Leroy découvre l’univers des cases et des bulles sont tout aussi savoureux. Voir un vigneron débattre sur Maus ou Persepolis a quelque chose de surréaliste et d’hilarant.
Le récit est porté par une vraie chaleur humaine. La relation entre Davodeau et Leroy, pleine de respect et de curiosité, est le cœur de l’histoire. On les voit évoluer ensemble, partager des éclats de rire, des gorgées de vin, et des réflexions profondes sur leur métier respectif. Et même si vous ne savez rien de la viticulture ou que vous êtes plus mangas que BD franco-belge, il est impossible de ne pas être happé par leur enthousiasme communicatif.
Cela dit, Les Ignorants souffre d’un léger excès de pédagogie. À force de tout expliquer, le rythme peut paraître un peu lent, surtout pour ceux qui attendent une intrigue plus nerveuse. Mais c’est un défaut mineur face à la richesse du contenu et à la sincérité du projet.
En résumé, Les Ignorants est un récit hors du commun, qui prouve que la passion est un langage universel, qu’il s’agisse de dessiner des cases ou de faire vieillir des bouteilles. Un album à déguster lentement, comme un bon vin, et à accompagner, pourquoi pas, d’une BD bien choisie. Santé !