Les princesses aussi vont au petit coin par JulienQuotidien

Chabouté fait partie de ce petit cercle d'auteurs vers lesquels je me précipite, les yeux fermés, lorsqu'un nouvel album apparaît. En effet, de ses récits, il dégage une réelle atmosphère qui sait englober le lecteur.

"Les princesses aussi vont au petit coin", dont le titre est plutôt curieux lorsqu'on connaît la bibliographie de l'auteur, est dans la continuité de ces histoires à l'atmosphère lourde, aux personnages névrosés. Bien évidemment, le dessin, superbe, toujours en noir et blanc, aide en grande partie à se laisser entraîner dans le récit.

Mais Chabouté étonne dans cet album avec l'apparition, furtive au début, puis de plus en plus voyante, de personnages et de scènes qui n'ont strictement rien à voir avec le récit. Et là est l'élément très intéressant de cet album, Chabouté semble se mettre en scène (c'est, en tous cas, ainsi que je l'ai pris). Il est difficile d'exprimer son sentiment sans dévoiler le fin mot de l'histoire... Donc, attention, à partir de maintenant : SPOILER !

(On laisse quelques lignes...)

Moi-même père depuis quelques années, je me rends compte à quel point un enfant pour changer une vie. Peut-être par facilité car je n'ai jamais fait de recherches sur sa vie privée (et c'est la sienne, après tout !), j'ai toujours considéré Chabouté comme un homme indissociable de son œuvre. Or, celle-ci est très noire.

Mais, dans "Les princesses aussi vont au petit coin", on découvre un Chabouté père de famille, dont la fille s'intéresse à ses dessins. Et qui ne comprend pas, au passage, pourquoi il ne fait que des histoires tristes. Je pense qu'un père peut être ébranlé par de telles mots, tout comme ce sont d'autres mots de sa fille qui le motivent, par exemple, à reprendre la course à pied.

Il est intéressant de constater, par les apparitions furtives, comment un auteur s'inspire de son entourage. Là, tout comme le récit laisse peu à peu la place à son histoire familiale dans l'album, l'œuvre et la vie de Chabouté semble commencer à être accaparer par sa fille. L'exemple le plus frappant est la couverture même de l'album où différents titres semblent avoir été étudiés. Et c'est finalement, sur la phrase finale de sa fille, que le titre est choisi.

Au final, le récit en lui-même devient secondaire et on découvre un autre Chabouté.
JulienQuotidien
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le 20 janv. 2012

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