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Après Les Mains d’Orsay, ce deuxième épisode de La Part merveilleuse se situe dans la continuité, surtout graphiquement. Dans les intentions, le duo Ruppert–Mulot s’en donne à cœur joie pour explorer la veine SF ouverte par le premier album.


Quelque temps après la fin du premier épisode, Orsay est rentré chez lui à la campagne avec un groupe qui comprend notamment Basma (jeune fille dont il est visiblement amoureux), Juliette (13 ans) et Melek, toutes trois rencontrées à Paris. L’ambiance est toujours aussi dérangeante, car on tombe sur des Toutes (aux aspects aussi divers que surprenants), plus ou moins n’importe où et n’importe quand. De plus, la famille d’Orsay ne pose aucune question, alors que ses amies passent difficilement pour des anonymes, surtout Melek avec son crâne complètement déformé (suite au contact avec un Toute). Il faut dire que la mère d’Orsay est avant tout contente de revoir son fils. En effet, elle souffre d’un cancer se généralisant et les médecins estiment qu’il lui reste environ six mois.


Le malaise de Juliette


C’est le comportement de Juliette qui intrigue d’abord, car elle cherche régulièrement à s’isoler en pleine forêt. On comprend qu’elle recherche la proximité des Toutes. À vrai dire, c’est même le contact physique qu’elle veut. D’après ce qu’elle dit à Orsay qui la suit, dans ce cas elle considère qu’elle finit par se trouver dans le Toute, ce que nous, lecteurs (lectrices), percevons à la manière d’une parenthèse onirique (la personne elle-même, inconsciente, reste à proximité du Toute, alors qu’elle se perçoit en apesanteur dans un monde virtuel très coloré, à l’aspect franchement psychédélique). Dans ces moments, Juliette se débat dans une sorte de contradiction interne très perturbante.


Drame à Étretat


Par ailleurs, le groupe des amis d’Orsay évoque ce qui se passe à Étretat, d’après les nouvelles communiquées par les médias. Là-bas, un Toute se comporte de manière surprenante, puisqu’on apprend qu’il a tué huit militaires. Dans quelles conditions et pour quelle(s) raison(s), on ne sait pas. Mais c’est le seul point qui va dans le sens de la critique de notre société (et de nos comportements), pour prolonger le ressenti de l’album précédent. On imagine aisément que les autorités ont décidé de contraindre les Toutes à évacuer une zone et que l’opération a dégénéré d’une manière ou une autre. Les auteurs laissent ainsi entendre que l’attitude pacifique et paisible des Toutes peut évoluer en fonction de celle des humains. Ceci dit, l’album ne répond toujours pas aux questions fondamentales qu’on se pose à propos des Toutes. D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ? Communiquent-ils entre eux ? Ont-ils une vie sociale ? Est-ce qu’ils se reproduisent ?


Les dangers se multiplient


Dans cet album, les auteurs se concentrent sur les interactions entre les Toutes et les personnages qui les observent et étudient leur comportement. Ainsi, les amis d’Orsay font la connaissance de Gina, la mère d’un garçon de huit ans qui approche le groupe dans des conditions surprenantes. Elle annonce agir sous la protection de la police. Sous ce couvert, elle fait une proposition à Orsay et ses amis. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car l’enfant de Gina semble incapable de la lâcher d’une semelle, allant jusqu’à refuser par moments de lui lâcher la main. Il va jouer un rôle déterminant dans cette histoire, jusqu’à se révéler dangereux.


Un univers original


Dans ce deuxième épisode de la série, les auteurs approfondissent l’interaction entre les amis d’Orsay et les Toutes. Si Juliette entre en eux comme elle dit, Orsay en particulier la rejoindra pour tenter de l’aider à résoudre son gros souci (ce qui, par la même occasion, lui donnera une idée qu’il pourrait exploiter à son propre compte un peu plus tard). Dans ces conditions, le dessinateur s’en donne à cœur joie pour proposer des situations assez délirantes, à tendance surréaliste et psychédélique. Ces scènes d’exploration qu’on peut qualifier d’oniriques sont d’une belle inventivité visuelle, avec de jolies trouvailles en ce qui concerne les formes et les couleurs. C’est d’autant plus intéressant que ce n’est jamais gratuit, puisque la tension monte progressivement. Autant dire que c’est bien plus séduisant que les possibilités offertes par le site d’Étretat, même si celui-ci pourrait être exploité par la suite. En effet, l’album se conclut sur une fin ouverte qui appelle au minimum encore un album.


Une série qui pourrait s’étendre


Sinon, le style reste celui du premier album, annonçant une série bien homogène, même si elle s’éloigne des caractéristiques habituelles de la BD franco-belge, puisque l’album comporte pas moins de 140 pages. Autant dire que c’est justifié, car on ne s’ennuie jamais. L’ambiance campagnarde du début vire rapidement vers cette atmosphère SF particulière imaginée par les auteurs. Le seul vrai reproche concerne donc le fait que l’épisode se concentre avant tout sur l’aspect SF de la situation.


Critique parue initialement sur LeMagduCiné

Electron
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le 21 avr. 2022

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