Le Baltimort aux trousses

Avec Lord Baltimore, Mike Mignola (Hellboy) et Christopher Golden plongent le lecteur dans une Europe dévastée où la Première Guerre mondiale a laissé place à une invasion de vampires. Rescapé des tranchées, Lord Baltimore devient un chasseur animé autant par la vengeance que par un sens tragique du devoir, traquant les créatures à travers villages isolés, champs de bataille et cités hantées.

La force de la série tient dans son atmosphère autant que dans son récit : un mélange d’horreur gothique, de folklore macabre et d’action brutale. Fidèle à l’univers de Mignola, le récit joue avec les codes du mythe vampirique pour leur redonner une vigueur inédite. On y retrouve son goût pour les destins implacables et les figures hantées, mais aussi une fraîcheur qui rend Lord Baltimore singulier dans sa galerie de récits.

Visuellement, Ben Stenbeck puis Peter Bergting retranscrivent à merveille cette Europe crépusculaire : aplats noirs puissants, ambiances lourdes, compositions marquantes et couleurs macabres de Dave Stewart confèrent au récit une esthétique à la fois oppressante et fascinante. Certaines planches restent longtemps en mémoire par leur force visuelle, oscillant entre beauté et malaise.

Aujourd’hui disponible en deux volumes intégrales, Lord Baltimore s’impose comme une œuvre gothique marquante : familière pour les lecteurs de Mignola, mais suffisamment riche et habitée pour se démarquer. Un grand récit d’horreur et d’aventure, qui mêle frisson, mélancolie et épopée tragique autour d’un héros brisé mais inflexible.