Me... & the fuckin' devil blues.

Romancer le mythe du bluesman Robert Johnson, voilà ce que nous propose ce manga d'Akira Hiramoto.
Pas très tenté par le résumé au départ, car pour tout dire, je m'attendais à un manga biographique axé sur un style de musique que je respecte sans accrocher pour autant.
Mais au final et dès le premier tome, je me suis pris une énorme claque dans la gueule comme je n'en avais pas prise depuis longtemps dans un manga.

Déjà, les dessins : nom de Dieu que c'est beau. Les personnages, les décors, chaque case est détaillée à l'extrême avec une "mise en scène" à couper le souffle. La tension est toujours à son comble grâce à une révolution totale de l'enchainement de l'action, j'en ai eu des frissons tellement Hiramoto excelle pour renouveler totalement la narration de la bande dessinée en général tout en nous offrant un aspect quasi-cinématographique.
Putain, depuis Akira (donc ça remonte), je n'avais jamais vu une telle maitrise.

L'histoire est tout simplement poignante et hors norme, car en effet, il existe un mythe autour de Robert Johnson, et l'auteur a choisi de lui donner suite de fort belle manière.
Ce guitariste mythique aurait appris à jouer du blues avec une technique inégalable en peu de temps, composé 29 morceaux et serait mort d'une façon mystérieuse, d'où la légende qui raconte que RJ aurait passé un "pacte avec le diable".
Les postfaces à la fin de chaque tome sont d'ailleurs très intéressants à lire, écrit par des musiciens, des passionnés de blues et surtout, de Robert Johnson évidemment. Eux-même, parfois lassés des mangas, ont accroché immédiatement.

Donc le scénario est bien évidemment très romancé, une sorte de road trip monstrueux mêlant drame, thriller, action et fantastique où RJ subira multiple violences au fin fond de l'univers cruel des années 30 aux US, qui forgeront sa personnalité tout en broyant son destin dans l'incertitude la plus totale. Par le plus grand des hasards, il y rencontrera même Clyde Barrow (!), le fameux gangster, qui l'accompagnera dans ce périple infernal.
Car non seulement la tension (j'insiste sur le terme) est permanente pour RJ et le "monde" qui l'entoure, mais elle est également très présente dans sa relation avec Clyde, un fou dangereux mais néanmoins honorable, intelligent et charismatique. Un amitié malsaine se créé donc petit à petit entre ces deux personnages tout au long de l'histoire, où juste un seul fil les lient : Le Blues.
Car RJ impressionne, émeut, dès qu'il joue la moindre compo, même improvisée, mais à contrario, il subit tout un tas de conséquences négatives, qu'elles soient physiques ou sur son entourage proche. Les retours de flammes directs du fameux "pacte avec le diable".
Frissonnant.

Me & the Devil Blues, c'est tout simplement du putain de grand art, une révolution dans le domaine du manga (voire de la BD tout court) et c'est à découvrir de toute urgence.
4 tomes seulement pour le moment, et je n'en peux plus d'attendre la suite.