Les fêtes sont passées, le père-noël est reparti avec son traîneau mais sans ses cadeaux (faut bien payer le péage mon bon monsieur), le nouvel an fut modérément arrosé (je suis quelqu'un de sérieux, moi) et pour mon premier petit billet de l'année, je vais causer un peu de Monster, le manga imaginé par Naoki Urasawa. Aucun rapport, je suis juste à la bourre.
Publié entre 1994 et 2001 dans le magazine Big Comic Original avant d'être structuré en dix-huit volumes et d'être adapté pour la télévision en 2004, Monster est un thriller à l'esprit très "feuilletonesque", tournant autour de multiples sous-intrigues et d'une flopée de personnages. Ce qui occasionne inévitablement un certain nombre de longueurs et de fausses pistes, n'altérant en rien la qualité globale de l'oeuvre.
S'appuyant sur un contexte historique passionnant, Monster est avant tout une réflexion fascinante sur la notion de bien et de mal, sur cette dualité qui reste ancrée dans chaque être vivant sur terre. Tenant son audience en haleine de bout en bout, Naoki Urasawa imagine une machination implacable, nous fait assister à l'enfantement d'un "montre" sans jamais tomber dans un manichéisme rassurant.
Soignant son cadre, mêlant avec talent les styles japonais et européens, le mangaka signe une saga prenante, à la fois humaine, tendue et inconfortable, graphiquement impeccable, prenant bien soin de laisser ses lecteurs se dépatouiller avec leur propre morale. Une vision désenchantée d'une enfance souillée par l'adulte à lire toute affaire cessante, et qui risque fortement de vous rendre accro.