Lâcheté et mensonges
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le 29 nov. 2019
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On a tous en mémoire la réussite du Quai d’Orsay de Blain, et, malheureusement pour lui, ce Première Dame, signé Tronchet et Peyraud s’en rapproche trop, tant par son sujet, que dans sa dynamique narrative et son graphisme élégant et anguleux, … sans en atteindre l’excellence. Une fois évoquée – et évacuée – cette frustration sans doute inévitable, Première Dame est loin de démériter, et constitue une lecture aussi drôle que percutante.
Imaginez donc une histoire d’amour contrariée entre un Président centriste et disruptif, mais tenté par la droite (qui évoque forcément Macron), et une actrice engagée, de gauche (un sujet qui rappelle les fugues en scooter de Hollande, non ?). D’ailleurs, si l’on pense à l’une des premières scènes du livre, une confrontation violente entre le Président et la jeunesse de banlieue, on pourrait même imaginer une dose de Sarko dans la construction de ce portrait présidentiel en forme de puzzle, ou de mosaïque… ce qui est drôle, mais également passablement artificiel, non ?
On parlait donc d’une histoire d’amour – toute simple, ordinaire presque – entre deux êtres que tout oppose mais que le hasard va réunir, avant que les conseillers de l’Elysée – roués manipulateurs – ne décident de l’utiliser pour faire remonter la cote d’un président bien mal en point dans les sondages. Une fausse bonne idée qui va se retourner contre eux, du fait des velléités politiques de la « future première dame », qui aimerait bien dépasser son rôle de « potiche » pour influencer la trajectoire de la France, mais également des manœuvres d’un ministre de l’intérieur opportuniste et franchement d’extrême droite, qui se verrait bien président à la place du président.
Et c’est ainsi qu’au long des 272 pages se succèdent à un rythme d’enfer les coups de théâtre, les retournements de situations, les suspenses insoutenables : Première Dame adopte donc un rythme parfois épuisant de thriller US, les auteurs ayant clairement choisi la voie de la saine distraction, plutôt que celle du récit politique. C’est drôle, enlevé, addictif, relativement passionnant, avouons-le, grâce à des personnages finalement bien croqués et s’éloignant des stéréotypes mentionnés, et à des idées scénaristiques originales, tantôt classiquement « rom com », tantôt à la limite du burlesque.
Ce n’est qu’en le refermant, sur un happy end excessif et guère crédible, que l’on se dit que, oui, on a passé un excellent moment avec Première Dame, mais que tout cela était bien léger. Mais tout dépend ce qu’on y cherchait…
[Critique écrite en 2025]
https://www.benzinemag.net/2025/05/18/premiere-dame-rom-com-et-thriller-politique-a-lelysee/
Créée
le 26 mai 2025
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