Debout !

Un sale goût amer en bouche : une sorte de prise de lucidité post-excitation. J'ai découvert et immédiatement adoré Prison School en anime il y a quelques années... Sa proposition d'érotisme jusqu'au boutiste et extrêmement burlesque a fait mouche chez moi, et c'était à mon goût l'un des ecchis les plus réussis... Le manga originel était également à la hauteur avec ses dessins beaux à s'en cramer la rétine... pour tout vous dire en 2018 je pondais des pages wiki sur Amino pour faire découvrir l'œuvre... je n'avais lu que 10 tomes à l'époque. Je me suis maintenant attelé à la fin de la lecture de cette œuvre qui semblait s'étirer beaucoup trop d'après les avis des fans... Et effectivement quelle tristesse de voir Prison School s'enfoncer dans tous les travers possibles et imaginables pour éclater en plein vol telle la plus naze série avortée...

Parlons des forces du bestiau tout d'abord : une claque esthétique qui ferait vibrer même le plus chaste d'entre nous. Un trait riche capable d'illustrer toutes les émotions, de l'insoutenable légèreté de l'être à la terrible pesanteur de la poitrine de Meiko. Une composition et une mise en scène audacieuse, qui sait donner satisfaction au lecteur tout en sachant parfois affiner ses atouts. C'est vraiment du beau, beaucoup trop travaillé et fini pour de l'érotique, on sent qu'Akira Hiramoto a de la matière à revendre et c'est un régal pour les pupilles. Le deuxième atout de l'école prison, c'est son humour. Un premier arc brillant, que j'aimais qualifier de "Death Note du cul" : des étudiants pervers se retrouvent condamnés dans la prison de leur bahut, sous le joug de gardiennes assez violentes. Le manga offre un humour absurde, avec des personnages aux personnalités dégénérées parmi les plus drôles que j'ai vu (un mec passionné d'histoire qui prend tout trop au sérieux, un masochiste, un mec en capuche qui passe son temps à cracher du sang et des insultes) et un postulat efficace : s'évader de prison qui ouvre la voie à des situations invraisemblablement géniales qui décroche la mâchoire tant de bêtise que de rire.

Le problème c'est qu'au bout de 9 tomes (que je trouve toujours parfaitement rythmés, un premier arc rondement mené) les gars sortent de prison... et la... il reste 19 tomes à remplir. À ce moment là, c'est terminé pour le manga : embourbement dans une infinité d'arcs qui n'ont plus rien d'intéressant et tombent dans le plus bête ecchi possible (haha ce serait gênant si les gens nous voyait, haha j'ai glissé et je tombe sur la fille, haha il y a un malentendu, TA GUEULE TU TE RENDS COMPTE OU PAS QUE TU G CHE LE TRUC), les personnages aux personnalités incroyablement atypiques sont sous exploités au point que certains disparaissent complètement (Shingo) ou changent de comportement (Meiko...). À partir du tome 10 on passe de Prison School à juste School quoi... et personne n'a envie de lire un manga qui s'appelle "School". Je ne parlerais même pas des trucs qui m'ont donné envie de m'acheter un fouet pour sévir sur la marmaille, comme les chapitres qui sont constamment interrompus par des sous intrigues, particulièrement vers la fin avec le directeur c'est quoi cette vieille technique pour créer du faux suspens et couper artificiellement l'action ! Pareil pour la fin de l'arc de la chevauchée la qui s'étire ad nauseam avec un perso qui dit "Attention je lance mon attaque ultime" SUR PLUS DE 60 PAGES PLUS DE 60 PAGES 4 CHAPITRES SANS QUE RIEN NE SE PASSE COMME SI LE TEMPS ÉTAIT ARRÊTÉ MAIS QUEL EST LE PROJET !!!!!!!!!!! D'un premier arc fascinant, le manga passe à une bouillie sans saveur qui n'intéresse à aucun moment de la lecture des 19 tomes restants, enchaînant les clichés et poncifs insupportables.... Maigre mention honorable quand même au début de l'arc de la chevauchée qui m'a fait péter un cable de rire, j'adore ces affrontements à la Kingdom à 4 contre 1000, André qui commence à faire 8 mètres de haut sans explication, Meiko en mode Terminator. Le niveau de délire crève le plafond et décroche le rire, mais il reste noyé dans un océan de platitude, aucune vague à l'horizon et il aurait fallu rester dans un vrai engagement comme sur le premier arc.

Je ne parlerai même pas de la fin, ridicule, qui n'intéresse personne, basée sur un changement de personnalité honteux et qui se règle en 1 case sans offrir le moindre dénouement. Prison School est un cas particulier car on sent que son mangaka au talent indéniable au moins pour le dessin à des choses à proposer (faut d'ailleurs que je jette un œil à Me and the Devil Blues). Il offre un premier arc que je trouve encore aujourd'hui incroyablement bien mené mais il se perd dans une longueur ridicule : qui est responsable ? L'éditeur qui a forcé à continuer (ce serait étonnant vu la fin expéditive), l'auteur qui s'est cru trop inspiré ? Akira Hiramoto est vraiment un artiste à suivre si il ne se perd pas dans ces travers, et sa dernière publication Raw Hero n’a pas l'air folichonne... qu'est-ce que tu fais mon vieux ?