Presto

La BD, scénarisée et dessinée par Catel, est une mise en images de 4 romans dont les personnages principaux sont des hommes. Comme le dit le résumé sur la quatrième de couverture : « observant ces hommes en posture amoureuse, elle dresse un portrait choral de l’éternel masculin. »
Ce résumé ainsi que les dessins (de la couverture et du corps du livre) ont particulièrement attiré mon attention. De mémoire, il ne me semble pas avoir lu de BD qui parlait de danse et j’ai eu l’impression que ce sujet serait traité dans cette BD, au moment de la prendre dans le rayonnage de la médiathèque.
Disons que j’ai trouvé que l’observation des hommes en posture amoureuse a bien été traité. Je ne vais pas m’étendre sur cette partie-là, bien que ce soit l’objet principal de la BD. Pourquoi ? Parce que sur les 4 adaptations compilées ici, c’est la première qui m’a vraiment touché.

Presto.

Cette partie est adaptée du roman Le touché de la hanche de Jacques Gamblin.

Ce qui m’a plu ici, c’est surtout la scénarisation de sa BD. Le dessin quant à lui, reste correct mais pas marquant à mon sens. Disons que ce qu’il y a de bien dans le dessin c’est la situation des corps dans l’espace. Peindre la jungle sans jamais y être allé, le douanier Rousseau a montré que cela était possible. En revanche, pour dessiner des danseurs, je doute que soit faisable sans avoir regardé des gens danser. Je sens que là, il y a eu un travail de recherche et d’observation car les positions des danseurs sont bien représentées. Les positions. Pas les mouvements. C’est un peu le reproche que j’ai à faire au dessin : le manque de dynamisme. J’aurais aimé d’avantage de ce côté-là. Bon.

Pour la scénarisation : le rythme et la manière de raconter l’histoire m’a beaucoup plu. Une narration à la première personne, très spontanée, comme si j’étais connecté au fil de pensées du personnage principal. Cela m’a d’autant plus touché que je suis moi-même danseur et que je me suis identifié à ce personnage. J’avais une réelle empathie pour lui. C’est tellement rare pour moi. La plupart du temps quand je lis une BD, je reste spectateur. Je m’amuse, je m’agace, je ris, j’enrage mais je ne me sens pas vraiment connecté aux personnages. Cela m’a plu. À tel point que j’ai voulu lire le roman de Jacques Gamblin afin de voir de quoi il retournait.
Sacrée surprise.
Le roman est rédigée avec ce même style : première personnes et connexion directe aux pensées. En ça, j’ai eu la confirmation que l’adaptation était bonne puisque Catel a parfaitement retranscrit le ton du roman dans sa BD. En lisant le roman, j’ai aussi pris conscience des choix qu’elle a fait. Je les ai trouvé justes. Un exemple parmi tant d’autres : Dans le roman il y a un moment où l’homme se lance dans une énumération d’une page pour décrire toutes la diversité de femmes avec lesquelles il danse.
« Les grandes. Les grosses. Les maigres. Les grandes maigres. Les petites grosses. Les vieilles. Les élancée. […] Va nu pieds. Les chétives. Décharnées… »
Dans la BD cela s’est traduit par 2 lignes sur lesquelles ont voit l’homme danser avec plusieurs cavalières différentes.

Presto représente un quart de la BD. Le reste était passable. Etait-ce le choix des romans ou l’adaptation. Ma foi, vu comme Presto était juste, je pencherai pour le choix des romans. C’est un peu dommage.

Quand-même, j’aime bien le fil conducteur de la BD et Amoroso m’a fait un peu rire.

Si vous voulez être dans la tête d’un danseur le temps d’une BD, c’est exactement ce qu’il faut lire !