Eugène Tarpon accepte de rechercher une jeune aveugle récemment disparue suite aux sollicitations de sa mère. Lorsque cette dernière est assassinée sous les yeux du détective en pleine gare Saint-Lazare, celui-ci se demande dans quel nid de vipères il a mis le pied. Ses investigations vont le mener sur la piste de flics véreux, d'anciens collabos et d'une secte d'illuminés, tous prêt à réduire au silence cet empêcheur de trafiquer en rond.
Tarpon est un personnage « à la Manchette ». Rugueux, brut de décoffrage, préférant l'action à l'analyse psychologique, il réagit à l'instinct, sans se poser de questions existentielles ni se projeter dans de grands plans sur la comète. Il a également une capacité à se fourrer dans des situations désespérées qui forcent autant l'admiration que le sourire. Car l'humour est un marqueur fort de cet album. Un humour noir bien sûr, jouant sur le décalage entre la gravité des événements et les saillies verbales faites par les protagonistes vivant ces événements. le charme de l'album réside aussi dans la fidèle retranscription de la France des années 70, une France où l'habitat social est en plein boum et où tout le monde fume, partout. L'action est omniprésente, la violence parfois un peu gratuite mais le but est clairement de rendre hommage aux grands noms du polar hardboiled, de Dashiell Hamett à Raymond Chandler en passant par Chester Gould (Dick Tracy). Après Nada et Fatale, le duo Cabannes / Headline me régale à nouveau avec cette adaptation du roman le moins politique et le plus « divertissant » de Manchette.