R.I.P. par Michaël Bruce

Thomas Ott est un graphiste et un auteur unique, un des maîtres de la bande dessinée d'épouvante et d'humour noir. R.I.P est un best of de ses récits de la première heure, une collection de vingt ans de courtes et très courtes histoires, en noir et blanc, muettes. Pour commencer, je dirai que je n'ai toujours pas trouvé dans l'ensemble de ses œuvres la moindre faiblesse malgré l'exigence qui est la mienne avec son travail. Exigence parce qu'il m'a habitué au sublime. Sublime qui m'a rapidement rendu fan. Il faut savoir que quand on a une oeuvre de ce Maître de la carte à gratter entre les mains on ne la lâche plus, même si l'ambiance y est sombre et que la mort y est souvent présente. Progressivement, le lecteur est attiré de plus en plus profondément dans ces histoires où il n'y pas de forces surnaturelles genre démons, fantômes ou encore vampires, mais plutôt quelques péchés capitaux, de nombreuses faiblesses et lacunes humaines : la bêtise, l'orgueil, la cupidité, la colère, la vanité. Beaucoup de vie en somme, de réflexion, avant que les conclusions, brutales, que l'on attend pas, n'emportent les personnages. L'épigraphe le résume d'ailleurs parfaitement : "You have to do something while waiting for death" (Hakan Nesser).

Les planches cauchemardesques de THOMAS OTT ne sont pas dénuées d'ironie ni d'humour et encore moins d'atmosphère. Virtuose, la narration toute cinématographique passe intelligemment en revue les genres que sont le thriller, le noir, l'horreur, la guerre, voir même la science-fiction. C'est un amoureux du cinéma et l'hommage au classique y est très présent. C'est d'une précision éblouissante, un best of qui est une parfaite liaison entre son travail d'antan et celui d'aujourd'hui, une très bonne entrée en matière pour le lecteur qui aurait envie de découvrir ce fascinant et macabre THOMAS OTT. Le format est chouette, la mise en page parfaite. Un régal.

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