On n'est plus dans la grande fresque.
On n'est plus dans la tension tragique.
Ce tome 7, c’est une respiration, ou plutôt un recueil de soupirs. Des échos qui résonnent après la fin. Des histoires oubliées, dispersées, qui flottent dans un monde où le conteur s’est déjà tu. Ce n’est pas une suite, ni une grande conclusion. C’est une rémanence.
On dira aurevoir à l'oeuvre une bonne fois pour toute, via cet outil.
Et pourtant, on sent encore les cendres chaudes du feu qui a tout consumé. Dream n’est plus là. Ou plutôt, il est partout et nulle part. Parfois c’est Daniel, le nouveau, parfois une silhouette ancienne dans un conte japonais, parfois juste une ombre dans la vie d’un autre. Il ne s’agit plus de suivre une intrigue, mais d’écouter ce qui reste.
Alors oui, ce tome déroute. Il est éparpillé, volontairement éclaté, presque expérimental. Il rassemble des récits indépendants, pensés à d'autres moments, publiés ailleurs, et qui se retrouvent ici cousus dans un tissu un peu disjoint. L’un d’eux nous emmène dans une fable orientale splendide, dessinée par Amano, où le Rêve prend des allures d’esprit discret, traversant les songes d’un moine et d’un renard. Un autre se concentre sur Orphée, et éclaire sous un nouveau jour son destin déjà tragique. On revisite les Éternels, chacun dans un chapitre qui leur est propre, chacun dans un style graphique totalement différent. On observe Délire dans sa solitude, Désespoir dans sa torpeur, ou Destin dans son mutisme. Parfois, c’est superbe. Parfois, c’est creux.
Là est peut-être le problème, ce tome n’a plus de colonne vertébrale. Il n’est ni nécessaire, ni inutile. Il plane au-dessus du sol, comme une vapeur étrange. Si on y cherche une émotion semblable au tome précédent, on la trouve plus discrète, plus flottante, souvent lointaine. Il y a bien un fil, pourtant... La mémoire, la survivance, les restes d’un monde qui refuse de s’éteindre complètement.
Les tentatives narratives sont inégales, parfois désuètes, parfois confuses.
Fort heureusement nous sommes accompagné avec certains des meilleurs styles graphiques pour cette fois finir en beauté, contrairement au cataclysme du tome précédent.
Ce tome, finalement, ne raconte plus vraiment Dream. Il raconte ce que Dream a laissé derrière lui. Cette sensation est à la fois frustrante et belle. Il y a un vide, c’est vrai. Un manque. Mais c’est justement ce manque qui donne du poids à ce qu’on a vécu avant. C’est un peu comme visiter les lieux d’une histoire qu’on a aimée, après que les personnages sont partis. Les murs sont encore chauds et les ombres encore présentes.
Alors non, ce tome n’a pas la puissance des précédents. Il n’a pas leur tension, ni leur densité. Il n’essaie même pas. C’est un dernier regard, une dernière boucle. Un geste pour ne pas fermer la porte trop vite. On n’en ressort pas ébloui. Mais peut-être, un peu reconnaissant. Parce que même les histoires mortes méritent d’être écoutées une dernière fois.