Une seconde s'il vous plaît (ouais j'ai pas mieux ce matin)

Bryan Lee O'Malley, auteur canadien ô combien sympathique, s'est fait connaître par le non moins sympathique Scott Pilgrim, oeuvre geekienne en 6 volumes qui a eu le droit a une excellente adaptation par le encore plus sympathique Edgar Wright.

D'un point de vue personnel, si je comprends en quoi et comment Scott Pilgrim avait rendu fou des tas de lecteurs, je ne me suis jamais réellement senti proche de cette histoire (peut être déjà trop vieux), lui préférant très largement son adaptation cinématographique (ce qui prouve que je ne suis pas si vieux que ça quand même ;) ).
Du coup, je n'avais pas forcement envie d'acheter Seconds.
Le lire en bibliothèque, sûrement .
Mais l'acheter , pas vraiment.

Puis, je l'ai feuilleté.
Et graphiquement c'est une tuerie.
Le mélange du dessin naïf de O'Malley avec des décors ultra poussés ( peut être aidé par son assistant Jason Fischer) et surtout la beauté quasi hypnotisante des couleurs de Nathan Fairbairn donne à l'ensemble une beauté qu'on ne pouvait pas soupçonner quand on lisait Scott Pilgrim.
L'encrage est gras et en même temps très fin, la narration souvent inventive donne une réelle pêche au récit.
De ce point de vue, Seconds est une réelle surprise.

Pour le récit , on est dans quelque chose de plus classique , un mélange entre le conte, "un jour sans fin" et "l'effet papillon".
L'héroïne, Katie est une cuisinière hors paire. Déjà à la tête du Seconds , un restaurant très bien côté, elle rêve d'en ouvrir un autre et mettre un recommencement à sa vie qu'elle trouve un peu ennuyeuse.
Mais tout ne se passe pas comme prévu et les problèmes s’enchaînent.
Quant un jour , elle a affaire à l'esprit de son restaurant qui , par le biais d'un champignon, lui propose de revenir sur un élément de son passé pour le changer .. Mais une fois ...
Va t'elle se contenter de cette seule fois ? Bien sûr que non .

Le récit est donc assez simple mais plutôt intriguant et gère parfaitement sa thématique du " Doit on vouloir absolument tout contrôler de sa vie ? "
C'est plus narrativement que le récit me pose problème avec ses longs blocs narratifs qui alourdissent considérablement l'ensemble.
C'est d'autant plus dommage que pour la majorité du temps , ils ne servent pas l'histoire et que le dessin se suffit largement à lui-même.
D'ailleurs, je suis même persuadé qu'O'Malley s'en rend compte quand il joue avec cette voix off ( subterfuge intéressant mais au final assez peu utilisé ).
De même, je n'ai pas été convaincu par la fin.
J'ai l'impression que l'héroïne échappe de peu à la catastrophe mais qu'au final , elle n'a pas appris grand chose de cette histoire.
Tout est bien qui finit bien et voilà.
Je pense que là aussi , on pouvait aller plus loin.

Seconds est pour moi une étape dans le travail d'O'Malley.
Si on y retrouve une partie de l'écriture de Scott Pilgrim ( notamment dans les dialogues et la gestion des personnages ) , le récit offre une intrigue plus classique mais en même temps plus universelle.
Avec une écriture un peu moins poussive , on aurait eu quelque chose de vraiment réussi et on a l'impression qu'il ne passe pas loin de cette réussite.
Cependant , on ne peut qu'être admiratif devant le travail et espérer que le prochain album sera encore un cran au dessus.