Soeur Calvaire : de bonnes idées pour un récit non abouti

Raule auteur incontournable du polar espagnol avec Jazz Maynard débarque dans le récit pulp. Mais quelle riche idée !

Tout annonçait une franche réussite : la couverture bad ass à souhait, le concept certes pas très novateur mais bien exploité et un peu détourné, de l’humour bien placé, un très bon décalage des situations notamment la vie monacale de sœur Justine aka Sœur Calvaire 24… dans la fabrication de sa narration et dans ses idées, Raule sait ce qu’il fait et le fait très bien.

Il est accompagné au dessin par Fran Carmona dont c’est le premier ouvrage et par Werner Sanchèz aux couleurs qui livrent un travail frais, punchy sans être transcendantal dans sa réalisation.

Malheureusement, l’album ne semble aller nulle part et pour cause annoncé comme un récit complet partout jusque sur la 4e de couverture, on se retrouve avec ce qu’il semble être un tome 1. En effet, nous sommes clairement sur un tome d’exposition et avec donc une histoire ne tient pas toute seule et qui finit là où elle devrait commencer. Est-ce une erreur éditoriale ? Une frilosité marketing “ne nous lançons pas dans une série tout de suite, attendons les résultats de ce tome ! ”?

Dans tous les cas, cela modifie complètement l’attente du lecteur et perturbe sa lecture car attendant une histoire complète, nous voyons des personnages se mettre en place, des flash-backs, un univers se développer, une intrigue et des sous-intrigues se construire pour finalement tout laisser non résolu au terme des 60 pages que constituent cet album. Et pour ma part ce changement forcé d’approche est rédhibitoire et j’en ressors complètement frustré.

Et c’est dommage car d’un côté le récit (et les personnages) sont cools mais Drakoo, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Et qu’est-ce qu’on doit attendre de cet ouvrage ? Œuvre inaboutie ? Série morte dans l’œuf ? Série mal brandée ? Une rupture de contrat avec l’auteur ? Trop de questions que ne devrait pas soulever un titre au final pas si important.