Troisième, et donc avant dernier tome des aventures de Moses Lwanga. On y retrouve aussi le petit Paul, enfant que le Soldat Inconnu a essayé de sauver en le ramenant dans un abri pour enfants victimes des conflits armés. Le petit Paul n’y trouve malheureusement pas sa place.

Moses Lwanga poursuit sa croisade solitaire à travers l’Ouganda du nord. Après avoir traversé une zone de guerre, parmi les plus dangereuses du pays, il rejoint un camp de réfugiés dans l’espoir de faire le point sur son passé. Mais l’assassinat brutal du médecin local va lui donner une raison suffisante pour replonger dans une quête effrénée nourrie de colère, de méfiance et de violence. La tension monte. Parviendra-t-il à démasquer les responsables avant que la psychose ne gagne l’ensemble de la population ?

Ce troisième tome se coupe en deux parties. La première reprenant les épisodes #13 et 14 de la série sont centrés sur le petit Paul. Son acclimatation au centre pour enfants ne se passe pas bien, et devient même en quelque sorte le souffre douleur des autres enfants. Signe de Dysart pour nous montrer qu’il n’y a pas ou peu d’espoir pour ces enfants ? Même retirer des mains des rangs des enfants soldats, leur endoctrinement ne s’efface pas. Paul va donc s’enfuir et tomber à nouveau sur Moses Lwanga, qui cette fois-ci va décider de l’emmener dans le village de ses parents.
Au fil de leur périple on ne peut s’empêcher de sentir un attachement de l’homme au visage bandé pour le petit garçon, qui devient en quelque sorte l’ancre avec son humanité. Allant même, une fois arrivé au village, à passer le rituel, un peu gore, de Mato Oput, le rite de réconciliation, avec l’enfant.
Episodes touchants et un tout petit peu moins violent, qui ont la particularité de ne pas être dessinés par l’habituel Alberto Ponticelli, mais Pat Masioni. Joshua Dysart voulant faire participer quelqu’un ayant vécu dans une région proche de celle de l’histoire. Ce qui est le cas, donc avec Pat Masioni, vivant aujourd’hui en France, mais natif de la république démocratique du Congo. Les dessins sont certes un peu moins jolis, un peu plus brouillons voir simplistes mais ils sont tellement plus empreints de vérité.

La deuxième partie : « Saison Sèche » (épisodes #15 à 18) nous replonge dans le dur, dans la violence, dans l’inacceptable.
On y découvre, à travers les yeux de Moses, une vie dans ces villages tout aussi difficile, tout aussi violente malgré leur soi disant protection par l’armée du gouvernement. C’est même peut-être pire vu que cette violence est la plupart du temps entre civiles.
Chose surprenante à ce stade du tome, plus d’accès de rage, de folie pour Moses, sa part d’ombre de lui ne s’est plus manifestée depuis un petit moment maintenant.
Le chapitre est centré sur le trafic de médicaments contre une grosse cargaison d’armes. Toujours, toujours la violence. On va aussi assister au retour de Moses sous le costume de médecin afin de résoudre le mystère du vol de médicaments et du meurtre de l’ancien médecin, tout ça entre coupé d’une histoire de sorcière, de corruption d’un chef militaire, d’enfance volée, de scènes chocs et choquantes (mort violente par l’émotion qu’elle dégage d’un nourrisson ou encore le regard haineux d’un petit enfant la hache à la main).
Mais alors que ce côté enquête, assez surprenant de retrouver ici, nous tenait en haleine, on assiste avec stupeur à un retournement de situation. Moses Lwanga ne va pas du tout mieux, et encore ce n’est rien de le dire ! Et d’un côté un peu « enquête policière » on prend eu à peu un virage à 180° pour se retrouver proche du fantastique. Et même si cela peu sembler un peu tirer par les cheveux comme histoire, se retrouver un peu loin du contexte historique, ça n’en reste pas moins passionnant pour la suite et fin de la série.

Soldat Inconnu reste un titre emprunt de violence, de dureté, d’impensable pour notre esprit d’Européen. On se dit en regardant les infos tous les jours « Oui c’est violent, oui c’est atroce, mais c’est augmenté par la présence de la caméra. » On n’arrive pas réaliser que l’horreur qu’on l’on voit à la télé c’est l’horreur qu’ils vivent. Et la lecture de cette série me met mal à l’aise, mal à l’aise d’apprécier une lecture qui dépeint l’atrocité du’un pays, de presque tout un continent. Preuve donc de l’excellent travail de Joshua Dysart, qui sert ici parfaitement sa cause et met bien donc bien en lumière cette partie déchirée de l’Afrique.
Le gros plus pour appuyer son œuvre, se sont les annexes de proposeés dans ce tome. Ici la fin de l’exposé de Joshua Dysart sur ce conflit et surtout une postface poignante et touchante de Pat Masioni (dessinateur des deux premiers chapitres du tome) racontant rapidement son passé difficile en république démocratique du Congo.

Bref, très bon tome du Soldat Inconnu, où cette fois-ci, l’on reste ancré dans le présent. On y découvre de nouvelles facettes de Moses Lwanga, l’une très touchante vis-à-vis du petit Paul et l’autre beaucoup plus inquiétante qui laisse présager le pire pour l’ultime tome. Des dessins de Ponticelli toujours tellement justes et un contexte historique, réel et actuel toujours tellement difficile émotionnellement.
Romain_Bouvet
7
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le 18 janv. 2014

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Romain Bouvet

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