Winshluss ne respecte rien. En 2008, dans Pinocchio, il faisait du pantin un petit enfant robot destiné à devenir une arme de guerre. Il obtiendra le Fauve d’or du meilleur album. En 2012, dans In God we trust, sa relecture du christianisme était cynique et malicieuse.


Mais dès 1999, avec Super Negra, réedité et augmenté en 2012, l’auteur détournait déjà avec un humour cinglant un pan de notre patrimoine mondial, les belles aventures innocentes de Disney. Sous son crayon, l’univers de Mickey et Dingo se dévergonde. Les deux amis pêchent à la dynamite quand une explosion nucléaire les transforme. Mickey va se transformer en véritable souris puis en créature minuscule, tandis que Dingo va devenir un Dingodzilla incontrôlable.


Winshluss a probablement lu les aventures des héros de Disney, et leurs péripéties amusantes et paisibles. Dans cette aventure, l’auteur déforme tout, y injectant sa version pervertie, où Mickey et Dingo sont deux idiots, Minnie fricote avec les frères Riri, Fifi et Loulou, Donald est un lyncheur fou et Geo Trouvetou un génie capitaliste.


Deux courtes histoires suivent, « Caroline invite ses amis à une soirée de merde », où l’héroïne des albums pour enfants de Pierre Probst voit des personnes mal intentionnées s’inviter à sa soirée. La dernière, « la femme est-elle nuisible au récit d’aventure » s’intéresse à Tintin et au capitaine Haddock, dans des versions un peu décadentes et plus portées sur la chair féminine. L’absence de personnages féminins dans les aventures de Tintin est expliquée dans cette courte BD avec une mauvaise foi bien agréable.


Bien que les trois histoires aient été dessinées à plusieurs années d’intervalle, elles partagent le même trait en noir et blanc, fouillis et hargneux de Winshluss. Faussement bête et méchant, la technique est pourtant étudiée, la mise en scène parfois simpliste, et d’autres fois captivante, avec de faux angles de caméra ou de dessin-animé.


Winshluss ne respecte rien. Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime. Régressif mais pas idiot, il tord et déforme les figures populaires de notre culture pour nous offrir des histoires dépravées et cyniques. Et puisqu’il ne respecte rien, le lecteur ne sait jamais où il nous emmène, ni jusqu’à quel degré d’humour il devra faire face. Gare aux surprises.

SimplySmackkk
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste +135 (BD)

Créée

le 2 mai 2020

Critique lue 190 fois

5 j'aime

2 commentaires

SimplySmackkk

Écrit par

Critique lue 190 fois

5
2

D'autres avis sur Super Negra

Super Negra
prparim
7

Super Winshluss Géant

Dans cette BD drôle et subversive, on retrouve entre autres Mickey (clope au museau) et son pote Dingo, Minnie (qui s'envoie en l'air avec riri, fifi, loulou…), Martine (rebaptisée Caroline...

le 4 janv. 2013

2 j'aime

1

Super Negra
FlorenceCapulets
7

L'humour à la Winshluss

J'ai découvert un jour Winshluss en lisant une puis deux BD. J'ai tout de suite adhéré à son style assez trash ! Autant par le graphisme que par l'écriture. Dans chacune de ses BD, il utilise...

le 13 nov. 2016

Super Negra
Marine_Philomen
6

Critique de Super Negra par Marine Philomen Roux

Un bon condensé de ce que Winschluss sait faire d'un détournement d'histoires et de personnages. La petite déception s'exprime sur la superficialité d'expression graphique, à mes yeux. Je ne dis...

le 27 mars 2013

Du même critique

Calmos
SimplySmackkk
8

Calmos x Bertrand Blier

La Culture est belle car tentaculaire. Elle nous permet de rebondir d’oeuvre en oeuvre. Il y a des liens partout. On peut découvrir un cinéaste en partant d’autre chose qu’un film. Je ne connaissais...

le 2 avr. 2020

49 j'aime

13

Scott Pilgrim
SimplySmackkk
8

We are Sex Bob-Omb and we are here to make you think about death and get sad and stuff!

Le film adaptant le comic-book culte de Brian aura pris son temps avant d'arriver en France, quatre mois après sa sortie aux Etats-Unis tandis que le Blu-Ray est déjà sur les rayons. Pourquoi tant de...

le 5 janv. 2011

44 j'aime

12

The King's Man - Première Mission
SimplySmackkk
7

Kingsman : Le Commencement, retour heureux

En 2015, adaptant le comic-book de Mark Millar, Matthew Vaughn signe avec le premier KingsMan: Services secrets une belle réussite, mêlant une certaine élégance anglaise infusée dans un film aux...

le 30 déc. 2021

39 j'aime

12