Nouvelle lecture sur Superman avec ces Origines par Mark Waid et Leinil Francis Yu. Origines, car en 1996, DC Comics décide de remettre au goût du jour les origines de son super-héros emblématique. Il faudra cependant presque dix ans à Waid pour sortir son histoire, qui ne voit le jour qu’en 2003. Un procédé qui rappelle celui utilisé au début des années 2000 chez Marvel avec la ligne Ultimate. Mais un simple rappel, car si les origines sont modernisées, l’auteur ne change rien à ce qui fait l’essence du personnage.
Nouvelle lecture d’une œuvre sur Superman, et toujours la même espérance de ma part : tomber sur un récit qui me fera vibrer pour le héros. Une œuvre qui me donnerait envie de dévorer tout ce qui a été écrit sur lui, de me jeter dessus. Pour le moment je n’arrive pas à faire de Superman un personnage que j’ai envie de mettre en haut de ma pile de lecture. Voyons si Superman les Origines sera le récit déclic.

Clark Kent est un apprenti reporter bourlinguant à travers le monde. En visite dans un pays africain, il se lie d’amitié avec des résistants et y apprend une douloureuse leçon quant aux valeurs de vérité et de justice. Revenu aux États Unis, il décide d’embrasser son héritage extraterrestre et de défendre les plus faibles sous le costume de Superman. Son opposition à l’homme d’affaires Lex Luthor va lui révéler les secrets de ses origines mais également mettre en jeu la confiance des habitants de Metropolis. (contient SUPERMAN : BIRTHRIGHT #1-12, SUPERMAN/BATMAN Secret Files 2003 et THE BRAVE AND THE BOLD #16)

Mon introduction n’est pas tout à fait vraie. Il y a des œuvres de Superman que j’ai énormément apprécié, qui font même parties de ce que j’ai pu lire de mieux dans l’univers du comics. Kingdom Come et l’interrogation du même Mark Waid sur le danger que peuvent représenter nos super-héros, et l’hommage de Grant Morrison à Superman à travers son All-Star Superman. Mais ces récits sont à part dans l’univers du super-héros de Metropolis, ils ne s’imbriquent pas dans sa continuité.
C’est donc avec beaucoup d’espoir que je me lance dans cet ouvrage. Et la présence de Waid au scénario augmente encore davantage mes espoirs.

La première chose qui frappe à la lecture, et bien ce sont les dessins. Leinil Francis Yu, c’est particulier comme approche artistique. Ses personnages sont rarement au top niveau esthétique, ses cases ne sont pas toujours riches en détails et son style divise pas mal, certains vont adorer, d’autres vont être rebuté. Et si je ne suis, moi-même, pas toujours fan du monsieur, j’ai été happé d’entrée par ses dessins. Des pleins pages sans cases, donnant l’impression de voir une photographie, des pages avec des cases qui se chevauchent, parfois sur carrément deux pages, ça se superposent, les pages ne sont pas forcement rempli, des articles de presse « posés » négligemment. Le tout est très vivant, très rythmé, les pages défilent et on plonge toujours davantage dans l’univers que Yu nous propose. Les personnages sont, comme souvent, pas spécialement beau, mais ils n’en restent pas moins expressifs, authentiques et l’action est formidablement bien retranscrite. Que dire des impressions de vitesse quand Clark vole, de la puissance qu’il dégage en portant un tronc ou stoppant un train d’une main avec la même facilité que j’ai en portant mon chat ou en retenant mon fils de deux ans par le col.
Les dessins de Yu sont vivants et apportent véritablement beaucoup au récit de Waid, il nous permet de nous immerger totalement dans l’univers de Clark. Et son travail et merveilleusement mis en valeur avec les couleurs carrément enchanteresses et envoutantes de Dave McCaig.

L’histoire maintenant ! Mark Waid remet les origines de Superman dans un contexte plus moderne. Mine de rien, avec soixante quinze ans d’histoires la réalité de l’époque n’est plus la même que de nos jours. Car même si cette maxisérie a maintenant dix ans, elle n’en reste pas moins actuelle et moderne.
Mais Waid garde néanmoins l’essentiel, le plus symbolique, et comme toujours Clark est sauvé par ses parents de Krypton sur le point d’exploser, comme toujours ils choisissent la Terre, et comme toujours ils savent qu’il sera un dieu parmi les hommes. Amusant de voir cependant que c’est Jor-El qui est le moins enclin à laisser partir son bébé et non Lara.
L’innovation de Waid c’est qu’entre la période Smallville et la période Metropolis, l’auteur va rajouter une période à travers le monde. Clark cherche sa place sur la planète et cherche aussi et surtout un but. Du coup, il parcourt le monde en tant que journaliste « free lance » et découvre d’autres façon de penser, d’autres façon d’agir. Et sa dernière rencontre avec Kobe Asuru, pacifiste engagé dans une des nombreuses guerres tribales qui gangrènent l’Afrique, pour faire entendre la voix de sa tribu, va ouvrir les yeux de Clark. Cette rencontre tragique mais hautement importante va lui faire comprendre à quel point le rôle qu’il a à jouer sur ce monde peut-être important. C’est suite à cette rencontre qu’il va décider de partir s’installer à Metropolis et de porter le drapeau de Krypton en guise de costume pour être Superman !

Mais de nos jours, avec toutes les horreurs que le monde traverse, avec les différentes crises qui frappent les pays, les gens ne sont pas aussi prompt à accepter l’arrivée d’un héros comme Superman, et ne sont pas prêt à lui accorder sa confiance malgré son arrivée fracassante. Surtout lorsqu’il commence d’emblée à se mettre Lex Luthor, homme d’influence, à dos, qui ne tarde pas à mettre à jour son appartenance à une race extraterrestre ! Il n’en faut pas plus pour les gens pour que l’éventuel fascination, l’effet de surprise se transforment en méfiance, voir en peur. Une peur que Luthor va n’avoir de cesse d’approvisionner afin de faire de Superman un paria, allant jusqu’à déclencher une guerre avec Krypton !!...

Mark Waid ne laisse rien sur le côté, il traite tous les sujets. Les parents Kent, avec une Martha toujours là pour son fils (comme pour la création du « costume » Clark Kent) et un Jonathan plus renfermé, une Lois Lane qui croit dès le départ en Superman, le Daily Planet et surtout un Lex Luthor absolument diabolique et machiavélique et possédant un passé commun avec Clark Kent.
Récit passionnant et passionné, cela ne fait aucun doute. Nous partons d’un Clark Kent se demandant qui il est pour arriver à un Superman qui réalise que Clark Kent n’est en fait qu’un déguisement. Et cela se comprend complètement lorsque Martha et son fils commencent à fabriquer le costume de Superman pour finir par chercher à cacher Superman derrière des lunettes, derrière Clark Kent. Superman est l’opposé de tous les super-héros, là où des Bruce Wayne, des Peter Parker essaie de cacher leur identité de super-héros, Superman doit lui cacher son identité civile. Car il n’est pas Clark Kent au départ, il est Superman.
Le récit est tellement bien ancré dans notre présent que Superman ne fait pas que d’essayer de convaincre les habitants de Metropolis de son honnêteté, de son envie de faire le bien sans attendre le moindre retour, il convainc aussi les lecteurs. Nous sommes, nous, lecteurs, nous aussi des cibles de Superman et de Mark Waid, afin de fédérer le plus de monde possible derrière ce super-héros ne pensant au final qu’à faire le bien. Mais le monde d’aujourd’hui n’est plus celui de 1938 et il faut plus que des bons sentiments pour réussir à capter l’attention des gens, leur amour, leur fascinations, et surtout les garder. Il faut se donner entièrement, sans rien en échange, sans se soucier du danger, juste défendre une cause, la bonne cause. Et c’est sans doute pour cela, qu’en plus de l’éducation des parents Kent, Mark Waid a fait vivre à Clark des rencontres aussi déterminantes que celle de Kobe Asuru au début du tome. Une rencontre qui lui a fait également comprendre qu’un héros, de nos jours, ne peut se permettre de ne pas franchir la ligne, et qu’il doit par moment savoir être dur, ferme et savoir que la violence est, de nos jours, un langage universelle. Mais Superman, en tant qu’héros emblématique, sait où commencer et où s’arrêter, c’est ce qui fait ce qu’il est.

Bref, voilà ! J’ai ma lecture déclic chez Superman. Ces Origines version Mark Waid sont absolument fantastiques et se doivent d’être lues par toutes personnes voulant se lancer dans cette aventure. Ce n’est pas du niveau de Kingdom Come, ou All-Star Superman cités plus haut, mais c’est un passage obligé et une véritable plaisir de lecture. Mark Waid n’invente rien, ne rajoute rien de superflu ou de loufoque, mais il réussit à merveille à réactualiser les origines du héros, à les remettre au goût de jours, à les rendre moderne. Il dépoussière un peu le mythe et le rend terriblement intéressant, voir passionnant !
Romain_Bouvet
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le 27 juin 2014

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Romain Bouvet

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