Comme tout comics qui se respecte et portant le nom de Superman, Birthright introduit l'homme d'acier à sa naissance sur Krypton. L'occasion de revoir une énième fois la fin du monde, mais aussi d'en apprendre un peu plus sur son peuple, ici aux tendances belliqueuses avant de faire une paix globale parce que c’est quand même plus cool ainsi, le parcours de cette civilisation extraterrestre faisant écho avec celle de l'espèce humaine. Mais on ne partira pas dans la routine préprogrammée avec jeunesse à Smallville et découverte de pouvoir. Clark Kent est directement au milieu de l'action, Superman n'existant pas encore, mais les facultés et actes du jeune homme laissant présager le héros qui sommeille en lui.
La naissance du mythe sera ainsi au programme. Questionnement sur sa place dans ce monde qui n'est pas le sien et sur l'acceptation des Terriens d'un alien qui pourrait tout aussi bien les anéantir viendront jalonner les douze tomes. Mais pas que. Car un second personnage aura une place tout aussi importante dans la trame. Lex Luthor, dont la mère est décédée et dont le père n'a que faire de sa progéniture en font un doppelgänger du Kryptonien, tendance mégalomaniaque destructrice offerte en option. Car les deux ont beaucoup en commun, entre la difficulté de trouver leur place, la solitude qui les ronge et leurs capacités hors-normes. Deux êtres qui vont se croiser et prendre une trajectoire radicalement opposée avant que leur parcours respectif les mènent à une confrontation à la hauteur des attentes. Un final aussi destructif que jouissif où présent et passé se côtoient et viennent ainsi boucler la boucle.
Mark Waid signe une histoire très efficace qui soutiendra un rythme haletant lors de la titanesque séquence d'action finale. On savourera les images du passé kryptonien, l'excellent rendu de l'espace et les plans larges de la ville où le bâtiment de Luthor domine la mégalopole non sans évoquer l'égo de son propriétaire. Le style de Leinil Francis Yu donne un coté cartoonesque appuyé, le chara-design, et surtout les grimaces de certains visages à la limite du caricaturale venant malheureusement trop souvent casser le sérieux d'une situation. Si les dessins restent beaux (mais inégaux), les formes aux courbes exagérées omniprésentes dans ses planches donnent un coté irréaliste qui vient trancher avec le sérieux qui enveloppe l’intrigue. Quelque part, ça donne un cachet à l'ensemble, mais je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le résultat avec un rendu graphique proche d'un Kingdom Come ou d'un Secret Identity.