The End
6.7
The End

BD franco-belge de Philippe Chappuis (Zep) (2018)

Une idée originale mal exploitée

Après avoir connu pendant des années un succès incroyable avec sa série « Titeuf », Zep s’est peu à peu attaqué à la bande-dessinée pour adulte, d’abord avec l’humour, puis avec des récits plus sérieux chez Rue de Sèvres. « The End », tiré du titre des Doors, est dans cette veine réaliste, sans humour. On y retrouve le même type de graphisme que pour « Une histoire d’hommes » et « Un bruit étrange et beau ». Le tout pèse 88 pages.


Théodore arrive dans une réserve naturelle en Suède comme stagiaire. Il va travailler avec le professeur Frawley, un chercheur dont une des théories a été ridiculisée des décennies auparavant. Ses recherches portent sur la communication des arbres. Il s’évertue à chercher un sens dans les gaz qu’ils rejettent.


La première partie vient nous expliquer toute cette théorie, avec exemples à l’appui. Cela fait monter les interrogations, le suspense monte et on commence à se prendre au jeu. Jusqu’à ce que l’auteur en dise trop. Du coup, on devine ce qu’il va se passer et la fin de l’ouvrage perd tout son intérêt. C’est bien dommage, car le concept de base était suffisamment intéressant pour mériter un meilleur traitement.


On pourrait reprocher la même chose à la partie scientifique de l’ouvrage. On sent que Zep essaie de donner une base solide à son histoire, mais le lecteur avisé tiquera sur de nombreux détails. En termes d’extinctions massives d’espèces, seule celle des dinosaures est citée alors qu’il y en a eu bien d’autres. Même chose pour la mémoire des arbres qui auraient plusieurs milliards d’années alors que les arbres ne sont pas apparus si vite. Il y a bien des petites astuces pour faire accepter tout cela, mais la base scientifique n’est pas assez solide. On retrouve finalement une idée originale, mais pas assez bien exploitée pour totalement convaincre. On pourrait voir « The End » comme une simple fable écologiste un peu naïve, mais l’ensemble se veut sérieux et documenté.


Au niveau du dessin, le trait de Zep, réaliste, est réussi. Ce n’est pas nouveau, on retrouve un style qu’il a déjà utilisé. Tout est très centré sur les personnages et leurs expressions. Les gros plans et plans resserrés sont légions, ça marche plutôt bien. Je suis plus dubitatif sur ses couleurs. Cette bichromie qui change scène après scène a tendance à limiter la lisibilité des planches plus qu’à donner du volume. C’est très étrange comme sensation. L’impression est assez sombre et écrase le trait. Dommage.


« The End » se lit avec plaisir. L’originalité du thème sur la conversation des arbres fait que le lecteur se prend assez vite au jeu. Malgré tout, à la fermeture de l’ouvrage, on sent que l’essai n’est pas vraiment transformé. Quelques trucs inutiles, une fin trop abrupte que l’on sent venir… Reste un goût d’inachevé. Dommage.

belzaran
7
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le 19 juil. 2021

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belzaran

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