Brian K. Vaughan, le petit génie du comics contemporain (Y, le dernier homme, Saga, Ex Machina) livre avec The Private Eye un bel hommage au roman noir. Comme dans un polar de Raymond Chandler ou Dashiell Hammett, on y suit un détective privé un peu marginal qui enquête sur le mystérieux assassinat d'une jolie brune. Aidé par la sœur de la défunte, il va petit à petit démêler l'écheveau de cette intrigue et mettre à jour un vaste complot. Tous les ingrédients sont là : les personnages collent parfaitement aux stéréotypes du genre (hommes violents, femmes fatales, sous-fifres méprisables, indics retors, victimes collatérales, etc.), les événements se succèdent sans temps morts et sont davantage subis que provoqués, l'architecture de la ville joue son rôle de décor oppressant, et le dénouement laisse ce goût doux-amer bien caractéristique du roman noir. Sauf que...


Sauf que The Private Eye est un comics futuriste, situé dans le Los Angeles de 2076. Les technologies que nous connaissons aujourd'hui sont complètement obsolètes, situation due à l'explosion du Cloud, des décennies plus tôt. Cet événement, baptisé Déluge, a provoqué la ruine de notre civilisation, chacun ayant vu les petits secrets de sa vie privée étalée au grand jour : conversations, sauvegardes, historiques de recherche, etc. Dans cette nouvelle Amérique, chaque adulte a le droit de porter un costume et un masque pour cacher son identité réelle, et le travail de police est désormais assuré par... les journalistes, devenus un quatrième pouvoir réellement armé.


Bref, ça fourmille d'idées, des lieux communs aux plus originales ! Les dessins de Marcos Martin sont très beaux, et ne gâchent en rien le plaisir de cette lecture, copieuse (300 pages) mais vite dévorée. À noter que ce comics fut le premier à être pré-publié directement sur Internet, sur le site PanelSyndicate.com qui fut créé pour l'occasion. Davantage d'infos sur le concept sont proposées dans le dossier qui suit l'histoire, un échange de correspondances entre l'auteur et le dessinateur, qui met également en lumière le processus de création de cet excellent comics.

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le 26 avr. 2018

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The Maz

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