Toi le veinard, tu es mort tout de suite, et d'une balle en plus.

Quand j'arrive à la dernière planche de la bande dessinée, je ne pense qu'à cette phrase. Veinard oui, si tu savais tout ce qui est venu après... Oh pas la torture, pas l'enfermement. Missios, dans l’œuvre, est d'un courage insolent qui force notre admiration à chaque page, et nous ferait presque oublier que cette histoire est vraie, et que ces actes de sadisme et de cruauté ont bien été perpétrés sur un gamin de vingt ans qui avait commis comme faute celle de suivre un rêve, de croire en l'idéologie communiste.

Cependant, quand j'arrive à la dernière page, j'ai perdu mon sourire admiratif. Je suis juste désolée. Désolée d'être là, maintenant, et de ne pas avoir été là en 1947 pour suivre aussi ce rêve à l'époque où il était encore sincère. Je suis en colère aussi, de voir que certains se sont tant battus, que certains sont morts, et que finalement ce qu'on appellerait une réussite à la fin a été le pire des échecs. Toi veinard, tu es mort avant. Avant de connaître ma génération, avant que la jeunesse ne perde son sens du rêve et de la lutte. Tu es mort avant de voir l'humain se ratatiner et devenir petit, suffisant, et se complaire dans ce monde que tu as tout fait pour changer. Tu es mort avant la fin du rêve. Mais pas Missios. Pas moi.

Missios est décédé en novembre 2012, sans avoir jamais lu cette adaptation de son premier livre.
Moi, comme le traducteur, je me sens une dette envers lui et tous ses camarades qui ont tout souffert et tout donné pour leurs idées. Que reste-t'il de leur idéologie ? Des lambeaux.

Toi au moins, tu es mort avant., c'est un lambeau de rêve.
Nolwen_Luminais
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le 26 nov. 2013

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Nolwen Luminais

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