La saga "Tokyo Ghoul" poursuit son bonhomme de chemin, avec un nouveau seuil franchi dans le récit. À l'issue de l'opération menée contre les "Roses", Haise Sasaki, notre héros, renoue avec celui qu'il fut, Ken Kaneki. Et l'intrigue se recentre sur Aogiri, le cartel de goules historiquement opposé aux personnages que l'on suit.


Ces deux volumes 6 et 7 constituent ce qu’on appelle un moment charnière dans un récit. Non seulement le protagoniste principal prend la mesure du trouble qui l’habitait depuis le début de Tokyo Ghoul:re, et que les lecteurs pressentaient eux depuis un moment ; mais l’intrigue renoue avec son cœur vivant, ce que l’on avait laissé plus ou moins à la périphérie de l’action depuis que Haise Sasaki et ses Quinckes étaient entrés en scène : la lutte contre Aogiri.


Les révélations se succèdent donc, aussi bien pour le lecteurs que pour les personnages. Avec notamment le dévoilement de l’identité du leader d’Aogiri, dans un jeu politique subtil appelé à déboucher sur une guerre sans merci entre goules et le CCG censé représenter l’humanité. Mais la nature même de l’organisation policière se trouve interrogée par les multiples retournements de situation.


Tokyo Ghoul:re constitue indéniablement l’un des grands titres d’action seinen - à destination d’un public mature donc - du moment. Les affrontements entre les protagonistes y prennent des proportions dantesques, le personnel, d’une rare richesse, y est traité sous l’angle de la tragédie et l’univers décrit gagne sans cesse en densité et profondeur.


Le plus impressionnant consiste dans cette manière qu’a Sui Ishida d’installer une atmosphère poisseuse, glauque et même malsaine, pour en extirper des moments de grâce et d’épiphanie à travers les comportements adoptés et les choix effectués par les personnages. On a là une démonstration de force et de maitrise en termes de dramaturgie.


Sur le fond, la cruauté apparaît bien comme la passion première qui commande aux actions des personnages - aussi bien les goules que les humains. On retrouve là, d’une certaine manière l’intuition d’un Sade sur la nature humaine. Mais d’autres passions profondes viennent contrecarrer ce premier mouvement, pour dessiner la construction de diverses éthiques, façonnant les différents personnages : soif de reconnaissance, quête de liberté, sentiment d’empathie, etc. On le comprend : il y a de la matière dans le propos de Sui Ishida.


Seul bémol : la quantité de personnages est telle, et leur renouvellement si continu, que le risque de s’y perdre guette. D’autant que la narration ne facilite pas toujours la tâche du lecteur, usant de l’ellipse et de l’allusion pour ne pas alourdir le développement d’une action qui se veut avant tout efficace. Par là, Tokyo Ghoul:re s’affiche comme un divertissement exigeant.


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le 14 févr. 2017

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