Transmetropolitan : Année Un, c’est un peu comme un cocktail explosif à base de dystopie, d’humour noir et de rage journalistique, secoué par Warren Ellis et Darick Robertson. Prépare-toi à plonger tête la première dans une vision déjantée et désabusée de l’avenir, menée tambour battant par Spider Jerusalem, un anti-héros aussi fascinant qu’insupportable.
L’histoire suit Spider, journaliste déchu et ermite des montagnes, contraint de retourner dans la ville qu’il déteste pour honorer un contrat et, accessoirement, foutre un joyeux bordel. Armé de sa plume acérée, d’une haine viscérale pour l’humanité (ou ce qu’il en reste), et de plus de drogues qu’une pharmacie clandestine, il se lance dans une croisade contre la corruption, l’hypocrisie, et tout ce qui le met en rogne (c’est-à-dire à peu près tout).
Ellis, fidèle à lui-même, nous sert un scénario qui oscille entre satire sociale, polar futuriste et crise de nerfs existentielle. Chaque page est une claque, une provocation, un cri de rage contre un monde déshumanisé et en pleine décadence. Mais sous cette couche de cynisme et d’irrévérence, il y a une profondeur inattendue : Spider n’est pas qu’un clown nihiliste, c’est un homme hanté par une quête de vérité… et par son propre chaos intérieur.
Visuellement, Darick Robertson frappe fort. La ville, grouillante de vie et de désespoir, est un personnage à part entière. Chaque recoin déborde de détails, chaque planche est une explosion de couleurs et de bizarreries technologiques. Les expressions de Spider oscillent entre la colère divine et le pur mépris, et ses interactions avec un monde aussi laid que magnifique sont rendues avec un dynamisme qui donne vie à chaque case.
Côté ton, Transmetropolitan ne fait pas dans la dentelle. C’est vulgaire, violent, et parfois dérangeant, mais toujours brillamment écrit. Ellis a un talent rare pour te faire rire d’un truc horrible avant de te rappeler que, oui, c’est vraiment horrible. La satire est incisive, parfois prophétique, et étrangement cathartique. Tu ressors de chaque chapitre aussi épuisé qu’ébloui.
Le seul bémol qu’on pourrait pointer, c’est que Année Un est un tome d’introduction. Si l’univers et les personnages sont captivants, certaines intrigues ne font que se mettre en place, et la vraie puissance narrative de la série se déploiera dans les tomes suivants. Mais même à ce stade, c’est une œuvre d’une densité et d’une audace rares.
En résumé : Transmetropolitan : Année Un est une entrée fracassante dans un univers où la folie et la vérité se côtoient dans un chaos jouissif. Spider Jerusalem est une icône, un poing levé contre le conformisme et la médiocrité, et Ellis et Robertson lui offrent une scène à la hauteur de son génie détraqué. Si tu aimes les récits qui te bousculent, te provoquent et te laissent un goût de soufre en bouche, ce comics est un must absolu.