Information: cette critique est publiée à l'identique sur les pages de Trigun et de Trigun : Maximum pour les raisons précisées ci-dessous.



Préambule



Comme beaucoup, j'ai découvert Trigun avec l'animé. Or ce dernier m'avait un peu laissé sur ma faim, notamment à cause de certains personnages trop peu approfondis (ex: Legato) et du fil rouge qui commence trop tard et finit trop tôt (pour un avis plus détaillé, voir ici). Je supposais alors que le manga était peut-être plus complet à ce niveau. Celui-ci est découpé en deux séries : Trigun puis la suite Trigun : Maximum.


A l'époque, je m'imaginais que le manga Trigun correspondait grosso-modo à l'animé et que Trigun : Maximum pouvait faire office de suite pour les deux. En fait, pas du tout, le manga Trigun s'arrête bien avant l'animé qui a déjà commencé à prendre une direction différente, et Trigun : Maximum est dans la continuité directe du manga, mais pas de l'animé. Je ne sais pas si c'est clair, mais ce qu'il faut retenir, c'est d'une part qu'on ne peut pas poursuivre l'animé en lisant Trigun : Maximum et d'autre part que le manga Trigun ne se suffit pas à lui-même (contrairement à l'animé) : pour avoir une fin, il faut lire Trigun : Maximum.


D'où cette question : cela vaut-il le coup d'approfondir l'expérience Trigun avec un manga de plus de quinze tomes qui à l'heure où j'écris ces lignes n'est plus édité ? A mon avis, non. Cela fait quelques mois maintenant que je l'ai lu, mais comme il n'en existe aucune critique sur le site (alors même que les moyennes sont assez hautes), je vais rassembler mes souvenirs pour tenter d'expliquer pourquoi il vaut mieux se contenter de l'animé (qui est sympa, mais pas exceptionnel).



Explication



Pour commencer directement avec ce qui m'a le plus gêné dans ma lecture : c'est le bordel. Yasuhiro Nightow dessine avec beaucoup de détails ses personnages et certains décors, mais les plans et le découpage des cases rendent systématiquement l'action très confuse. A côté, celle de l'animé paraît limpide (le dernier épisode était d'ailleurs une vraie réussite de ce point de vue). Je veux bien admettre qu'une fusillade (c'est la forme d'action majoritaire de la série) ne va pas sans une certaine confusion, mais il y une certaine limite à ne pas franchir sans quoi la lecture devient pénible. Dans le manga, on comprend vaguement qui a l'ascendant grâce aux gros plans sur les expressions des visages, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi ou comment cet ascendant a été obtenu.


Ensuite, si le manga étoffe bel et bien le scénario (notamment sur les origines de Vash) et les personnages par rapport à l'animé, il n'explique rien sur certains points de l'univers. En effet, si ce dernier a pour toile de fond la survie d'humains lambdas échoués sur une planète désertique, de nombreux personnages se distinguent par des capacités ou des pouvoirs surnaturels dont on ne précisera jamais la provenance. Détaillons cela dans un petit paragraphe spoiler :


Dans Trigun, le héros Vash et son frère Knives sont non seulement de fines gâchettes mais aussi des créatures artificielles (on l'apprend par la suite) dont les bras peuvent se transformer en armes de destruction massive. Ça ne me pose pas de problème car c'est expliqué. Par contre, d'autres personnages qui sont explicitement de simples humains ont aussi des capacités extraordinaires. Par exemple, Midvalley the Hornfreak, qui dans l'animé cache une mitraillette dans son saxophone, tue ses adversaires en jouant des mélodies particulières dans le manga. De même, Legato Bluesummers peut contrôler les corps des autres contre leur volonté. D'autres personnages bondissent dans tous les sens ou ont des proportions monstrueuses. Ces personnages proviennent apparemment de l'influence des comics américains et de leurs super-héros, que Yasuhiro Nightow apprécie beaucoup à ce que j'ai pu lire. Mais à mon sens, c'est incohérent avec l'univers.


Je parlais plus haut du développement des personnages, plus approfondi dans le manga que dans l'animé. Cela ne l'empêche malheureusement pas d'être décevant. Legato Bluesummers, qui était plutôt classe et charismatique dans l'animé, avec beaucoup de sang froid, devient un taré fou dangereux dans le manga.


Enfin, et c'est un comble, finalement l'histoire me semble trop longue. Si les motivations de Knives sont mieux expliquées, ce dernier n'en finit pas de vouloir anéantir la race humaine, les escarmouches confuses durent des plombes. Quinze tomes, pour un manga, ce n'est pas si long, mais pour Trigun, c'est trop. Si je devais faire une comparaison improbable avec une œuvre bien connue, je la ferais avec Dragon Ball. Dragon Ball, c'est beaucoup plus long (42 tomes à l'origine), pourtant il n'y a pratiquement pas de problèmes de rythme. C'est probablement parce que la série est subdivisée en arcs, ce qui donne beaucoup plus le sentiment d'avancer. A titre d'exemple, l'arc de Freezer dure 7 tomes dans Dragon Ball. Dans Trigun, en 15 tomes, il n'y a peu ou prou qu'un arc. Il a beau se passer des choses, la trame principale, elle, n'avance pas assez vite – qu'on s'imagine l'arc de Freezer durer 15 tomes pour se faire une idée.


Il y aurait d'autres choses à dire, comme l'histoire tournant au délire avec son monstre volant gigantesque fait de chair agglutinée, la violence parfois inutile (ex: une troupe de soldats forcée par Legato à s'entasser jusqu'à l'écrasement sanguinolent dans un véhicule) ou plus simplement l'absence de la BO de l'animé (c'est évident, mais il n'empêche que c'était un point fort). Mais ce serait trop long à développer.


Je conclurai seulement en déplorant que le manga n'ait pas été une version plus aboutie de l'animé, comme je l'espérais au début. C'est autre chose, avec des similitudes sur l'univers et le message véhiculé mais des différences sur le traitement de l'action. Et finalement, malgré ses défauts, l'animé a l'avantage de la concision sur le manga qui est un peu dépassé par ses ambitions.

Créée

le 19 sept. 2016

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