Exaltante aventure d’un père pour son fils…

Louis, Lise et Joachim, leur fils, vivent paisiblement en pleine nature, reculée du monde, subsistant grâce à leur culture, élevage et chasse… Mais un soir, les Ombres de trois cavaliers apparaissent en haut de la colline ; pendant des jours, ils guettent et scrutent, soufflant un vent de panique sur la petite famille… La vérité c’est qu’ils sont là pour Joachim…

C’était ma découverte et mon coup de cœur de 2008, et je dois avouer que j’avais pourtant hésité à franchir le pas dans l’achat de cette BD au combien magnifique. La couverture est tellement belle et poétique qu’on est forcé de prendre le livre pour le feuilleté et y découvrir le style graphique… Celui-ci peut faire peur et rebuter plus d’une personne, même ayant l’esprit quelque peu ouvert ; heureusement, dès les premières vignettes on tombe progressivement sous le charme et, quelques pages tournées, on en vient à ne plus vouloir lâcher cette histoire épique et émouvante. Une véritable réussite qui nous décomplexe de nos préjugés et nous prouve que de simples dessins esquissés et noircis ont le pouvoir d’enflammer les sens et les émotions.

One shot N&B épuré au style enfantin très expressif et chaleureux à base de crayon et de fusain. Les Éclairages sont saisissants et les Ombres et lumières magnifiquement retranscrites associées à un cadrage et une mise en scène précise et élégante ; on obtient des planches immersives et au pouvoir évocateur puissant et poétique… le style permet de reproduire avec force et dynamisme la notion de mouvement et d’espace-temps et faire basculer le récit, en quelques cases, d’une ambiance douce à une tension oppressante et plus mature en y insufflant des passages lyriques fascinants…

C’est un récit à mi-chemin entre un conte tragique et une quête initiatique teintée de magie… L’histoire d’un père, ne voulant pas plier face à la fatalité et qui va tout faire pour protéger son fils du danger imminent, jusqu’à s’exiler, affronter les difficultés et donner sa vie… ça parle de la mort inévitable, et de l’impuissance à ne pouvoir l’éviter ou s’en détourner quand le chemin est tracé et la porte de l’au-delà ouverte afin d’accueillir le nouveau destinataire… Allégorie sur la perte d'un être cher, c’est tantôt drôle et facétieux, inquiétant et poignant, apaisant et rassurant…

Roman graphique inoubliable, on le lit et relit sans lassitude en y découvrant de petits détails supplémentaires à chaque nouvelle errance au tréfonds de son récit familial…
Karaziel
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le 25 mars 2014

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Karaziel

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