Je ne suis pas un grand fan des Robin ! Bien loin de là ! Mais avec Damian c’est différent, ce gamin sous ses allures de gros dur, est tellement touchant. Un personnage riche et complexe, qu’on aime détester, qu’on aime tout court ! Cette série New52 est l’occasion pour Batman et Robin de se découvrir, pour Bruce Wayne et Damian Wayne de s’apprivoiser. Et à travers différentes histoires, différents arcs, elle traite surtout du lien père/fils qui unit les deux héros. S’il ne fait aucun doute que Batman est Bruce Wayne, notre certitude est encore plus certaine sur le fait que Robin est Damian Wayne !

Batman a toujours eu à ses côtés un Robin, mais pour la première fois, Bruce Wayne fait équipe avec la chair de sa chair : le turbulent Damian Wayne. Elevé par la Ligue des Assassins, le jeune garçon tente tant bien que mal de se montrer digne de son père, mais l’arrivée de Morgan Ducard va l’amener à faire un choix cornélien.
Batman et Robin développe avec maîtrise la relation étroite et conflictuelle entretenue par le légendaire justicier de Gotham et son fils Damian, devenu Robin. Peter J. Tomasi (Brightest Day, Nightwing) confirme son talent de scénariste en faisant de cet affrontement père-fils un tremplin vers une réflexion d’ampleur pour les deux héros, tandis que Patrick Gleason (Green Lantern Corps) illustre avec talent ce récit inédit. (Contient les épisodes #1 à 8.)

Alors qu’il essaie d’inculquer sa vision de la justice à son fils ainsi que de lui donner des limites à ne pas franchir, Bruce Wayne voit ressurgir un fantôme de son passé : Morgan Ducard, fils d’Henri Ducard. Henri Ducard était un maître chasseur, tous les gouvernements du monde se tournaient vers lui pour retrouver un homme, un fugitif, un criminel. Bruce Wayne l’a contacté dans le cadre de sa formation, avant de devenir Batman, afin de faire éclater ses talents de limier. Mais la vision de la justice d’Henri était bien trop éloignée de celle de Bruce Wayne et leur collaboration se termina avec le passage à tabac de Morgan après que celui-ci ait tenté de tué Bruce. Ce qui a valu à Morgan d’être renié par son père. Depuis il n’a eu de cesse de penser à une chose, se venger de Bruce Wayne, et la création de Batman Incorporated a été le déclencheur. Morgan tue les criminels, sans la moindre hésitation, sans le moindre remord, et voir la justice qui accepte le pardon et la récidive de Batman, met Morgan hors de lui. Il a perdu son père à cause de Bruce, il compte lui rendre la monnaie de sa pièce en s’en prenant à Damian !...

Si ces retrouvailles sont plutôt plaisantes à voir et à suivre (et de voir dans quel état Ducard arrive à mettre Bruce), le véritable centre d’intérêt de ces huit chapitres, c’est la relation naissante, fragile et compliquée entre Bruce et son fils Damian. Car si ce dernier, sous ses airs de sale garnement, fait mine de ne pas écouter son père, il cherche en fait à tout prix à lui plaire, à obtenir sa confiance, à le rendre fier. Malgré tout le conditionnement de Talia, Damian voue une fascination sans limite à Batman. Mais à Batman justement et peut-être pas à Bruce Wayne. Mais si le jeune garçon semble être un handicapé des relations humaines c’est tout autant le cas de Bruce Wayne ! Si Batman sait diriger ses troupes, sait montrer ce qu’il veut, cela est tout de suite plus compliqué lorsqu’il s’agit pour Bruce de livrer ce qu’il ressent, ce qu’il a sur le cœur vis-à-vis de son fils. Un garçon borné et fier, un père maladroit et se retrouvant dans l’inconnu, ce n’est pas le meilleur point de départ pour une relation père/fils.
Heureusement, dans ce chaos sentimental et familial, ils peuvent compter, l’un et l’autre, sur le fidèle Alfred et ses conseils toujours avisés. Et il est touchant de voir ces deux « handicapés » de l’amour essayer tant bien que mal de se rapprocher, de se comprendre, de se dire face-à-face ce qu’ils ressentent, leurs peurs, leurs appréhensions, leurs sentiments les plus sincères.

Et c’est un véritable coup de maître de la part de Peter J. Tomasi, qui nous dépeint une série Batman plus ancrée dans les sentiments et les émotions que dans l’action pure et dure. C’est un véritable plaisir de découvrir un Bruce Wayne si fragile, si en déroute face à un garçon de dix ans, car il est tout simplement incapable de se comporter comme un père. Et comment le pourrait-il, lui qui n’en a pas eu ? C’est donc de nouvelles méthodes que Bruce doit apprendre, et son fils, tout aussi maladroit que lui, ne lui facilite pas la tâche.

L’autre belle et bonne idée se retrouve au dessin, où Patrick Gleason, dans un style qui ne plaira pas à tous, arrive à merveille à faire ressortir toutes les émotions par lesquelles passent le père et le fils. La rage, la colère, la déception, la frustration, la peur de décevoir, l’inquiétude, la tristesse et même l’amour. L’artiste nous offre une galerie de visages tous plus réalistes les uns que les autres. Le tout dans une ambiance bien sombre pour les décors avec des personnages aux couleurs éclatantes pour les mettre en avant.

Bref, Batman et Robin est, pour moi, la meilleure série sur le justicier de Gotham ! Tomasi nous surprend en réussissant à mettre en lumière une relation tendue, difficile mais tellement touchante entre Bruce et Damian. En nous offrant simplement une histoire entre un père et son fils.
Romain_Bouvet
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le 18 août 2014

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Romain Bouvet

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