Après ma deuxième lecture de ce classique... J’ai refermé "Une lettre de la maison" avec un pincement au cœur que je n’avais pas vu venir. Parce qu’on parle de Picsou, oui, mais pas celui qui s’agite dans sa piscine de pièces ou qui hurle sur ses neveux pour un centime mal rangé. Non, là on parle d’un vieux canard, un peu cabossé, un peu fatigué, qu’on aurait presque envie de prendre dans nos bras.
Et je dois dire que ce genre d’approche m’a beaucoup plu.
Ce n’est pas une BD bruyante ou bourrée de gags à la minute, c’est une BD douce-amère, contemplative, presque intime. Elle propose un vrai moment de calme dans l’univers Disney, un truc un peu à part, un peu hors du temps. La lettre en question devient un prétexte pour fouiller les souvenirs, pour remonter le fil d’une vie et explorer ce que ça veut dire, vieillir, perdre, aimer, se souvenir. Et là, j’étais surpris d’être autant touché.
Visuellement, c’est superbe. Le trait est délicat, expressif, avec une colorisation qui pose une ambiance feutrée sans jamais verser dans le mélodrame. Il y a des cases qui respirent la nostalgie sans être forcées. Et franchement, pour un univers qu’on connaît tous par cœur, réussir à rendre ça neuf, sincère, presque poétique, c’est un vrai tour de force.
C’est une BD qui parle à tous ceux qui ont grandi avec Donaldville, mais aussi à ceux qui ont vieilli. Ça m’a fait l’effet d’un dernier café avec un vieil ami. Un peu trop court, un peu trop calme pour certains, peut-être, mais avec une vraie tendresse, une pudeur rare, et surtout un regard honnête sur ce que c’est, au fond, que d’avoir tout construit… et de se demander ce qu’il en reste.
Alors non, ce n’est pas une grande aventure, ni une cascade de rebondissements, mais c’est une parenthèse, un petit bijou d’émotion, et rien que pour ça, ça mérite d’être lu. Même, ou surtout, si on pensait que ce n’était “que” du Picsou.