Un manque de rythme dommageable

« Vague de froid » m’a tapé dans l’œil dès que je suis tombé dessus. Randonnée en Norvège pour se reconstruire ? Parfait ! Où faut-il signer ? Cet ouvrage est le premier de Jean Cremers, un livre s’inspirant clairement de ses propres expériences. C’est donc un roman graphique de 250 pages qu’il nous propose. Le tout est publié au Lombard.

Jules et Martin quittent la Belgique pour se rendre en Norvège où ils projettent de randonner et de gravir comme point d’orgue le Preikestolen. Ce voyage est à l’initiative de Jules qui a adopté la religion scandinave (Odin, Thor et tout ce qui va avec). Martin l’accompagne en espérant aider son frère aîné à se confier après le drame qu’il a subi.

Étant donné que les deux frères passent leur temps à s’engueuler (gravement qui plus est), on se demande bien ce qu’ils font ensemble… L’ouvrage m’a particulièrement fatigué. Très bavard d’un côté paradoxalement (puisque Jules ne dit rien), on a l’impression que pas grand-chose n’avance. L’avancée des événements est finalement limpide : Jules va s’ouvrir et se reconnecter avec les personnes qu’il avait mis de côté…

Comme son titre et sa couverture l’indique, « Vague de froid » va apporter un peu de danger dans cette randonnée. En effet, aller marcher dans les fjords en automne n’est pas foncièrement une bonne idée. Quelques événements viennent parsemer le chemin des deux frères, mais les scènes sont souvent trop longues, trop contemplatives. L’ouvrage manque furieusement de rythme et les silences, nécessaires, sont trop nombreux pour parvenir à nous prendre par les tripes. Une bande-dessinée n’est pas un film… Il peut y avoir trois pages destinées à montrer Jules en train de conduire sur les routes norvégiennes par exemple. On est très proche du film d’animation parfois.

Le trait de Jean Cremers m’a séduit dès que j’ai ouvert l’ouvrage. C’est dynamique, moderne et il tient la distance. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à des détails et un dessin fourni pour un roman graphique de plus de 200 pages, mais la bande-dessinée fonctionne très bien ainsi. C’est maitrisé et c’est une indéniable réussite, bien dans l’ère du temps.

« Vague de froid » n’est pas une mauvaise bande-dessinée. Le thème est intéressant, quelques surprises viennent parsemer les marches des deux frères (qui passent plus de temps en voiture qu’à pied). Il aurait vraiment fallu retravailler le rythme de l’ensemble, raccourcir presque toutes les scènes afin de donner plus de tension. Quant à la relation entre les deux frères, j’ai eu du mal à pleinement adhérer tant elle se limite à ce que l’un lui demande d’appeler des gens et l’autre ne veut pas le faire.