Les Enfers, un écrin parfait pour Tony Sandoval

Tony Sandoval est un dessinateur que je suis depuis bien longtemps. Il doit être le premier auteur de BD dont je suis allé voir une expo-vente à Paris. Hélas, si mon amour pour son dessin a toujours été là, ses histoires m’ont moins emballé. C’est avec plaisir que j’ai vu surgir « Volage » où le scénario était confié à Stephen Desberg. C’était l’occasion pour Sandoval de se sublimer. Le tout est paru chez Daniel Maghen, l’éditeur/galériste, pour 129 pages de lecture.


« Volage » est sous-titré « Chronique des Enfers ». Car il y est bien question des Enfers dans cet ouvrage : fraîchement décédé, McGilles s’y retrouve. Il n’est pas étonné : il sait ce qu’il a fait. Condamné à des travaux forcés pour l’éternité, il se voit proposé un plan d’évasion. La bande dépareillée va essayer de fuir, mais comment faire confiance à ses compagnons quand ces derniers ont été jetés aux Enfers ?


Les auteurs développent une série de personnages marquants pour leur ouvrage. Le nazi, la pirate… Mais surtout un bestiaire des plus effrayants. Les démons, mineurs ou majeurs, terrorisent les Enfers. À chaque fois, il semble qu’il y en a un pire que les autres, même si la meute de chiens remporte la mise lorsque la chasse est lancée à leur poursuite.


Outre le suspense apporté par l’issue finale (le personnage arrivera-t-il à fuir ?), la tension est palpable quant à savoir qui est qui, qui a fait quoi sur Terre. Il est forcément question de rédemption dans un tel ouvrage. On est rapidement happé par l’histoire, plongé directement dans cet univers d’horreur. Il n’est pas question ici de chercher une cohérence à tout cela, les personnages avancent, cherchent une sortie, rencontrent des dangers…


Proposer une histoire aux Enfers à Sandoval, voilà une idée judicieuse ! Le dessinateur sublime l’ensemble avec des dessins extraordinaires, d’une puissance d’outre-tombe. Son bestiaire et des plus effrayants et il donne vie aux délires de Desberg. Voir un démon sortir son fusil des tripes de son cheval est glaçant et Sandoval sait donner la majestuosité à la scène. Dynamique, puissant, onirique, le trait du dessinateur est parfaitement en phase avec l’univers proposé. On a envie de feuilleter le livre ne serait-ce que pour en savourer la beauté du dessin.


« Volage » est une bande-dessinée puissante, touchant à l’horreur tant les Enfers sont représentés avec violence. C’est une histoire de traque, sublimée par les illustrations de Sandoval qui donne vie à ce bestiaire infernal avec plaisir. Une belle réussite !


belzaran
8
Écrit par

Créée

le 2 oct. 2022

Critique lue 28 fois

2 j'aime

belzaran

Écrit par

Critique lue 28 fois

2

Du même critique

Le Chemisier
belzaran
4

Quelle vacuité !

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...

le 22 févr. 2019

38 j'aime

L'Âge d'or, tome 2
belzaran
7

Une impression d'inachevé

Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...

le 24 févr. 2021

23 j'aime

1