Nous avons été chassés, haïs et craints. Mais il ne faut pas avoir peur de nous. Nous ne sommes pas l'ennemi. Les seuls ennemis sont ceux qui cherchent à nous diviser. Les fauteurs de troubles qui exacerbent nos différences au lieu de célébrer nos convergences. Ceux qui profitent de nos peurs. Qui nous dressent les uns contre les autres par soif du pouvoir et appât du gain.
Nous ne sommes pas l'ennemi. Nous sommes vous. Nous sommes vos sœurs, vos frères, vos mères et vos pères, vos enfants et amis.



Je suis revenue dans un monde divisé. Un monde où l'intolérance est acceptable. Où l'ignorance est célébrée. Où la rumeur devient un fait et les faits des hypothèses. Je ne crois pas en ce monde. Je crois en un monde meilleur. Nous valons mieux que ça. Nous plus sommes plus forts que ça. Plus généreux que ça.



J'aimerai vous montrer un monde où personne n'est oublié, où personne n'est négligé. Où personne n'est inférieur. Pas mutants et humains. Pas eux et nous. Que "nous".



X-Men Red est la convergence de deux actualités qui rendront probablement la lecture de cette série quasi illisible d'ici quelques décennies, en tout cas bien plus ardue à apprécier pour un jeune lecteur qui en ignorera alors le contexte.


La première est celle géopolitique de la présidence Trump. Une Amérique qui se scinde en deux, une haine de l'autre qui suinte dans une ère du tout numérique, où les fakes news et les alternative facts prennent le pas sur la vérité, où les images et les vidéos sont truquées et diffusées sur des réseaux sociaux qui enferment chacun dans ses propres croyances et intolérances, où le journaliste devient l'ennemi aux yeux d'une partie de la population. Mais aussi une ère où l'Europe dressait ses frontières face aux crise migratoire notamment de manière autoritaire dans certains pays de l'Est. Ce serait anachronique d'en parler dans cette série pré-covid, mais certaines réactions à la crise sanitaire auraient évidemment totalement leur place dans X-Men Red.


La seconde est celle de la déliquescence généralisée des séries X-Men de l'époque. Ne nous voilons pas la face, c'était la bérézina, avec deux titres principaux X-Men Gold et X-Men Blue d'une pauvreté qualitative abyssale (surtout Gold), avec tous les X-Men principaux deux pieds sous terre (Cyclops, Wolverine, Jean, Charles Xavier auxquels on peut aussi rajouter Emma Frost écrite n'importe comment depuis la mort de son grand amour) et aucun scénariste comme capitaine à la barre. Et puis Jean Grey revient à la vie…


Morte depuis 2003, malgré certains substituts plus ou moins bien trouvés, la rousse la plus célèbre de la bande dessinée américaine fait son grand retour. Plutôt que de l'intégrer à l'une des deux équipes en cours, Marvel confie sa destinée au talentueux Tom Taylor qui avait réussi à faire taire les plus sceptiques en ce qui concerne la légitimité d'X-23 en nouvelle Wolverine. Le scénariste lui adjoint un titre d'équipe, et une couleur Red très symbolique quand on parle de l'ancien hôte de la force Phoenix. La série sera courte. 12 Numéros. Un run court, bref, incisif. Un run qui parlera surtout de l'actualité, dans la plus pure tradition des métaphores à laquelle la licence mutante nous aura habitués. Le mutant sera tour à tour l'immigré, le lgbt, l'autre tout simplement, l'autre dont on a peur, l'autre qui a peur de nous, l'autre envers qui trop souvent la haine l'emporte sur l'empathie. Le nom de l'arc s'appelle "haine mécanique", si l'on pouvait penser que cela ferait référence aux sentinelles, que nenni, il s'agit d'un côté de disséquer la mécanique de la haine, mais aussi de parler de cette haine digitale, de la forme qu'elle prend à l'ère du numérique.


C'est aussi une série à la croisée des chemins. La dernière à faire vivre le rêve de Xavier, à tendre la main entre les communautés. Mais aussi la première série depuis longtemps à re-parler de Nation Mutante, à voir Jean Grey aller parler à la tribune de l'ONU pour proposer un monde meilleur mais aussi une terre d'asile pour son peuple. Une série à la croisée des chemins. Car un an après son terme, la Nation Mutante naissait bel et bien, mais sous une forme bien différente, à Krakoa, sous la plume de Jonathan Hickman, et dans une forme où les mutants ne se présentaient pas comme une nation frère et solidaire des autres, mais comme la nouvelle super-puissance mondiale. Le rêve de Xavier et la vision d'un monde meilleur proposée ici par Jean Grey n'auront pas lieu… mais il a été beau de rêver avec elle



Je suis revenue à la vie. Mais j'ai besoin que tu comprennes que je ne veux pas revenir à la même vie. Je refuse d'accepter ce monde tel qu'il est. Je vais le faire changer. J'aurais aimé que tu sois là pour le changer avec moi, Scott.


WeaponX
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le 28 mars 2022

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